Valeurs Nature

24 - novembre 2012

La Lettre d'Information de Synphonat

Dossier de novembre
Le point sur Alzheimer

Dossier de novembre<br />Le point sur Alzheimer

En 2008, l'État fixait au plan Alzheimer les objectifs suivants : "améliorer la qualité de vie des patients et de leurs familles, comprendre pour pouvoir agir, mobiliser pour un enjeu de société". Quatre ans plus tard, nous vous proposons un petit point sur la maladie et ses perspectives de traitement.

La dernière édition du CIA World Factbook, qui fait autorité en matière de données démographiques, estime à 84,73 et 78,35 ans les espérances de vie respectives des Françaises et des Français. Depuis plusieurs décennies, ces chiffres continuent à progresser doucement dans la plupart des pays dits développés. Avec eux, les préoccupations de nos sociétés évoluent aussi immanquablement. L'accroissement des populations âgées conduit notamment, de manière mécanique, à une plus forte prévalence des maladies neurodégénératives, celles-ci étant liées à un processus de dégradation progressive du fonctionnement du cerveau ou, plus généralement, du système nerveux.
La maladie d'Alzheimer n'échappe pas à cette règle et, à ce titre, fait l'objet d'une attention particulière de l'État, concrétisée depuis 2008 sous la forme du "plan Alzheimer", des laboratoires pharmaceutiques, d'autant plus assidue depuis que les populations affectées ont été affublées du doux nom de "seniors" et peuvent être considérées comme un marché, et des professionnels de la recherche et de la santé depuis que la maladie a été clairement caractérisée par Aloïs Alzheimer en 1906.

Un processus double de dégénérescence et d'inflammation du cerveau

Principalement associée aux troubles de la mémoire qui en constituent les premiers symptômes patents, cette pathologie qualifiée de "démence" se manifeste également par des troubles progressifs du langage, de l'écriture et du mouvement, ainsi que par des changements notables de l'humeur.
Au-delà de ces signes, la maladie d'Alzheimer se définit par un double processus de dégénérescence et d'inflammation du cerveau, dans lequel se combinent deux types de lésions causées par des accumulations de protéines déréglant le fonctionnement de la cellule : au niveau extracellulaire, celle du peptide ß-amyloïde provoque la formation de plaques amyloïdes tandis qu'au niveau intracellulaire, celle de la protéine Tau induit des dégénérescences neurofibrillaires.

L'Inserm propose sur son site Internet une synthèse sur la maladie dont nous retiendrons les éléments suivants : la prévalence de la maladie croît avec l'âge, de 0,5% avant 65 ans à 15% à 80 ans. En France, environ 860000 personnes en souffriraient donc et ces chiffres devraient en toute logique augmenter pour atteindre environ deux millions de malades à l'horizon 2020. Les femmes présentent un risque supérieur aux hommes et, une des formes de la maladie présentant une base génétique, les antécédents familiaux constituent un facteur de risque.
De nombreux aspects de nos modes de vie ont en outre été corrélés à l'apparition d'Alzheimer, bien que leurs rôles respectifs restent difficiles à établir : faibles niveaux de revenu et d'instruction, exposition à certains toxiques, micro-traumatismes crâniens à répétition, manque de stimulation intellectuelle ...

Le diagnostic de la maladie se fait essentiellement par l'observation des symptômes évoqués précédemment. La diversité des pathologies susceptibles de provoquer l'apparition de troubles similaires rend cependant particulièrement délicat le diagnostic différentiel permettant d'établir avec certitude qu'Alzheimer est bien en cause. Au final, seul un diagnostic post mortem par analyse cytologique du cerveau permet d'être réellement fixé.
Cette difficulté de diagnostic, particulièrement aux stades précoces de la maladie, vient s'ajouter à un arsenal thérapeutique déjà bien démuni. Les traitements médicamenteux généralement prescrits visent principalement à ralentir la progression de la maladie en agissant sur l'un des paramètres de son processus de développement : traitements contre l'hypertension ou l'hypercholestérolémie pour agir sur les facteurs de risques cardiovasculaires, antidépresseurs pour limiter certaines des manifestations de la maladie, inhibiteurs de l'acétylcholinestérase et antagonistes du N-methyl-D-aspartate pour ralentir le déclin cognitif.

L'immunothérapie, axe majeur de recherche

C'est de la recherche en immunothérapie que pourraient émerger des solutions plus concluantes : plusieurs médicaments basés sur l'utilisation d'anticorps monoclonaux, visant à neutraliser de manière ciblée l'accumulation de peptides amyloïde ß42, sont actuellement à l'étude. La possibilité d'élaborer un vaccin thérapeutique est également envisagée, l'idée étant alors de provoquer une réaction du système immunitaire qui endiguerait les mécanismes d'installation de la maladie d'Alzheimer. Dans un cas comme dans l'autre, il ne s'agit pour l'heure que de pistes devant encore passer de nombreux tests avant d'aboutir, si leur efficacité et leur innocuité sont avérées, à la mise sur le marché de solutions valables mais probablement assez inaccessibles financièrement.

Quoi qu'il en soit, la plus abordable des thérapies consiste à travailler, bien en amont de l'éventuelle apparition de certains des symptômes fatidiques, sur ceux des facteurs de risque qui sont maîtrisables.
Il est évident que nous ne pouvons pas, en l'état actuel des connaissances, contredire l'hérédité mais, d'une part, celle-ci n'est en cause que dans une minorité de cas et, d'autre part, lorsque la forme familiale de la maladie est établie, sa progression demeure fortement liée aux autres facteurs de risque.
Une alimentation saine - privilégiant selon certaines études le végétarisme -, une activité physique régulière et une stimulation cognitive continue, soutenue s'il le faut par des nutriments adaptés, sont de nature à limiter le risque d'apparition de la maladie. Plus spécifiques à cette pathologie, d'autres éléments, en apparence anodins, d'un mode de vie équilibré sont en outre essentiels : interactions sociales, échanges verbaux, stimulations sensorielles, sollicitations fréquentes de la mémoire par l'évocation du passé sont autant de petites touches qui contribuent à l'entretien des connexions neuronales.

Alors on peut, certes, attendre de la science qu'elle nous fournisse des solutions prêtes à l'emploi ou des pilules miracles. Jusqu'ici, les résultats des travaux qu'elle nous fournit plaident plutôt pour un retour aux fondamentaux et incitent à penser que, dans une société dont le vieillissement des populations est finalement le moindre des bouleversements, il est plus que jamais crucial d'identifier - ou plutôt de se remémorer - les clés de ce qui constitue un mode de vie sain et équilibré.

Références :

  1. 1- synthèse de l'Inserm
  2. 2- présentation du plan Alzheimer sur le site de la fondation spécialement créée
  3. 3- démographie de la France selon le CIA World Factbook (en Anglais)
  4. 4- pour comparaison, démographie mondiale selon le CIA World Factbook (en Anglais)
  5. 5- présentation générale des maladies neurodégénératives sur Wikipédia
  6. 6- article consacré à la maladie d'Alzheimer sur Wikipédia
  7. 7- lien entre végétarisme et moindre prévalence d'Alzheimer sur le site militant PETA.org (en Anglais)

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Crédits photographiques : GE Healthcare

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