Lettre d'Information Synphonat
Numéro 5 - Février 2011

Bonjour,

Dans ce numéro, comme une comparaison entre tradition et modernité, nous vous proposons une redécouverte des vertus de l'huile d'argan, bien au-delà de la cosmétique, suivie d'un aperçu des innovations, parfois scabreuses, que nous concocte l'industrie agro-alimentaire.

Nous vous convions ensuite à rechercher ce qui nous pousse à nous équiper de toujours plus d'appareils et de gadgets électroniques, si désastreux que soient les effets collatéraux de cette tendance.

Bref, vous l'aurez compris, cette édition est une invitation à tenter de calmer un peu la cadence pour parvenir à un mode de vie durablement plus équilibré.


L'équipe Synphonat




1. Huile d'argan : une cosmétique vertueuse

par Farid, Responsable Préparation des Commandes

Il existe au Maroc un véritable trésor végétal qui fait beaucoup parler de lui : l'huile d'argan.

L'arganier est un arbre séculaire que l'on ne trouve qu'au Maroc. Il fournit la population du sud marocain en bois de chauffage et constitue également une nourriture riche pour les bêtes. Les femmes recueillent ses fruits, puis en extraient manuellement une huile.

Regorgeant naturellement de précieux nutriments (vitamine E, oméga 3 et 6, anti-oxydant), l'argan entre désormais dans la composition de nombreux produits (huile, savon, cosmétiques, ...). Il génére ainsi un développement rapide permettant à de nombreux foyers du sud marocain de subvenir à leurs besoins.

La filière de production et de commercialisation s'est organisée sous l'impulsion énergique de coopératives fédérées par l'UFCA (Union des coopératives de femmes pour la production et la commercialisation de l'argan). L'objectif premier de l'UFCA est d'améliorer la condition des femmes des réserves de la biosphère Arganeraie en les faisant bénéficier d'un revenu suffisant.

Pourquoi une organisation en coopérative ?

Tout simplement par ce que, par essence, une coopérative n'a pas pour objectif la rétribution du capital, mais la valorisation du travail par la mise en commun des moyens de production. Dans le cas de l'huile d'argan le statut est totalement adapté à une relation fondée sur la participation et le commerce équitable.

Et les résultats sont là !

En effet, ce modèle économique permet aux femmes de nourrir leurs familles et de scolariser leurs enfants. L'amélioration de la situation socio-économique, de la santé et de l'instruction des femmes a des répercussions immédiates et durables sur le bien-être de leurs familles et la préservation de leur environnement, tout en maintenant une tradition millénaire : l'huile d'argan artisanale pressée à la main.

Le cycle d'exploitation de l'argan représente un exemple de développement vertueux, associant un produit de consommation sain, voire bénéfique pour l'homme, un mode de production respectueux des hommes et de l'environnement et une logique de développement local.

Cet exemple ne pourrait-il pas inspirer nos politiques et leur donner envie d'agir pour notre agriculture qui, elle, est depuis longtemps sortie de toute logique vertueuse ?

Référence :


2. Faire pousser de la viande en laboratoire

par Arnaud, Responsable Informatique

Cette technique, directement inspirée de la culture de cellules à des fins biomédicales, est explorée depuis une dizaine d'années par plusieurs laboratoires dans le monde. Notamment la Nasa, car cela pourrait permettre de fournir des protéines à des astronautes lors d'un long voyage vers Mars.

Pour les promoteurs de la culture de viande in vitro, l'enjeu va bien au delà : elle servirait à rééquilibrer la consommation mondiale de viande qui ne cesse d'augmenter : 70 millions de tonnes par an en 1960, 284 millions en 2007 et ce chiffre devrait doubler d'ici à 2050. Les surfaces agricoles ne seraient donc plus suffisantes pour faire face à la demande.

Produire de la viande autrement. Non plus en élevant des animaux mais en cultivant à grande échelle des cellules musculaires de porc, de poulet ou de boeuf dans des bioréacteurs comme il en existe déjà pour fabriquer de la bière, des yaourts ou de l'insuline. C'est aux Pays-Bas, où les recherches sont les plus avancées que des chercheurs néerlandais espèrent cultiver d'ici dix ans de la viande artificielle à partir de cellules musculaires animales.

Michel Griffon, agronome et économiste auteur de plusieurs ouvrages sur la sécurité alimentaire dans le monde, estime qu'il serait plus efficace que les hommes consomment directement les protéines végétales au lieu de les donner au bétail comme c'est le cas actuellement avec le système d'élevage intensif.

Heureusement nous n'en sommes qu'aux balbutiements. Les cultures de cellules obtenues actuellement en laboratoire sont très fines. Elles ressemblent plus à du carpaccio qu'à des steaks.

Malheureusement les arguments pour l'utilisation de telles méthodes ne vont pas manquer étant donné les quantités de problèmes pour nourrir les populations.

Une fois encore l'on s'enfonce un peu plus dans les délires de nourriture coupée de tout rapport avec la nature. Restons vigilants.

Références :


3. Electronique : ce qui fait courir le monde

par Frédéric, Responsable Marketing Multicanal

Ecrans plats, plasma, OLED, LCD, télévision HD, TNT, 3D, lecteur Blu-ray, smartphones, iPhone, iPad, ... La liste des technologies innovantes et vouées à révolutionner notre quotidien - notamment audiovisuel - n'en finit pas de s'allonger.

Mais derrière tous ces acronymes promus à grand renfort de communication, la logique qui s'est progressivement instaurée comme une composante apparemment indissociable du mode de vie moderne est tout sauf naturelle.
A l'origine d'habitudes de consommation désormais fermement ancrées, se trouve un concept clé lié à l'avènement de la consommation de masse dans les années 1960 : l'"obsolescence programmée".

Phénomène relativement connu aujourd'hui, il s'agit de la conjonction de deux tendances.
D'une part, les fabricants de matériels électroniques conçoivent leurs produits pour avoir une durée de vie limitée, être plus faciles à remplacer qu'à réparer dès lors qu'ils ont dépassé la période initiale de garantie constructeur et tomber rapidement en désuétude du fait de l'évolution des standards et normes techniques.
D'autre part, en tant qu'utilisateurs, nous sommes en permanence invités à acquérir des équipements de dernière génération, plus performants ou plus valorisants socialement du fait de leur nouveauté et évidemment incompatibles avec les standards antérieurs.

Outre le fait que ce mode de fonctionnement fait de nous des éternels insatisfaits, toujours désireux de migrer vers le prochain eldorado technologique qui se profile à l'horizon, la conception de la plupart des produits d'électronique grand public selon cette dynamique est porteuse de risques considérables pour notre environnement.
En amont tout d'abord, parce que les puces et processeurs ou encore les dalles des écrans nécessitent une exploitation intensive de ressources naturelles en voie de raréfaction, parmi lesquelles les fameux métaux rares qui sont au coeur de certains conflits régionaux endémiques dans leurs zones géographiques d'extraction. Au cours de la fabrication ensuite, avec des méthodes de production peu respectueuses de l'humain et surconsommatrices en énergies fossiles. En aval de leur utilisation, enfin, car le téléphone dernier cri ne fait que chasser le précédent au rebut alors qu'il n'est que rarement conçu de manière à être réutilisé ou correctement recyclé.

Une fois cet état des lieux établi, il ne s'agit pas de conclure à l'inéluctable fin du monde connu qui nous guette mais plutôt de s'interroger sur la façon dont chacun de nous peut influer, à son niveau, pour ne pas continuer à alimenter ce phénomène, voire pour faire évoluer notre mode de vie vers plus de responsabilité, tant au niveau des industriels qu'à celui des citoyens qui ne se considèrent parfois que par le prisme de leurs droits de consommateurs.
L'Union Européenne s'efforce ainsi de faire progresser la notion d'écoconception au niveau des entreprises, de sorte que ces dernières envisagent dès l'élaboration de leurs modèles les impacts environnementaux de l'ensemble de leurs cycles de vie. Cela passe notamment par des dispositifs comme la Responsabilité Elargie du Producteur qui implique que les industriels soient eux-mêmes responsables de la récupération et du recyclage des produits qu'ils mettent sur le marché.
Quant aux simples utilisateurs des technologies, si aucune révolution n'est à attendre d'une inflexion isolée des comportements, en revanche la progression collective des usages en matière de tri, de recyclage et de réutilisation, ainsi que la simple prise de conscience des mécanismes qui poussent à convoiter toujours un nouvel objet du désir sont de nature à permettre de résister au chant des sirènes du marketing et, dans une certaine mesure, de déconstruire cet engrenage qui repousse sans cesse plus loin le seuil de la satisfaction.

Références :

Crédits photographiques : Fabrice Lejoyeux, Jérémy Couture, Horia Varlan, Sam Catch

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