Lettre d'Information Synphonat
Numéro 15 - Janvier 2012

Bonjour,

En 2011, les constats alarmistes n'ont pas manqué.

C'est pourtant sur une note d'espoir que nous ouvrons cette nouvelle année, ayant choisi de traiter de récentes initiatives pour redresser le cap. En matière d'environnement, d'abord, d'économie ensuite, elles montrent que nous avons le pouvoir, collectivement, d'améliorer la situation, ne serait-ce qu'à une échelle locale.
... à condition, bien entendu, de ne pas céder au chant des sirènes que semblent parfois incarner des réponses trop évidentes, réconforts éphémères, à nos inquiétudes individuelles.

À vous et à vos proches, nous souhaitons une excellente année 2012, en pleine santé. Dans nos métiers et dans nos engagements, nous ferons en sorte qu'elle soit porteuse d'un changement positif.


L'équipe Synphonat




1. Coraux : menaces et initiatives

par Lydie, Conseillère Clientèle

Les récifs coralliens, les mangroves et les herbiers constituent des écosystèmes rares, exceptionnels et bénéfiques pour l'homme. Ils sont, avec les forêts tropicales, les écosystèmes les plus riches et les plus productifs de la planète. Ils ont une importance économique, sociale et culturelle majeure pour les pays qu'ils bordent en offrant aux communautés humaines de nombreux services et richesses : refuge et nurserie pour diverses espèces, développement économique par le maintien d'activités de pêche et de tourisme, ressources pharmacologiques et bien d'autres encore.

Ils abritent une biodiversité exceptionnelle et offrent un panorama sans pareil de la vie sous-marine : coraux, poissons, raies, tortues, requins, ... un tiers des espèces marines connues vit dans les récifs, soit près de 100000 espèces.

La France est le seul pays au monde à posséder des récifs coralliens dans les trois océans de la planète. Ils couvrent avec leurs lagons une superficie de 57557km2 et les huit collectivités françaises d'Outre-Mer abritent près de 10% des récifs et 20% des atolls du monde. Elle détient ainsi une responsabilité mondiale en matière de conservation et de gestion durable de ses récifs mais aussi des mangroves et des herbiers.

Cependant, les activités humaines portent atteinte à cet extraordinaire patrimoine naturel. Les récifs coralliens régressent fortement et continuellement : 60% se trouvaient en danger en 2011 et si rien n'est fait, 75% pourraient atteindre un degré critique et disparaître car nombre de nuisances les guettent.

L'urbanisation du littoral et l'agriculture intensive fragilisent les sols, la pollution chimique favorise le développement des algues au détriment des coraux.
L'extension des activités de loisirs maritimes mal encadrées les met également en danger.
Le changement climatique est en passe de devenir la principale menace car l'augmentation globale de la température des océans provoque un phénomène de blanchissement pouvant mener à la mort des coraux.

Pour éviter leur disparition, il est nécessaire de mettre en œuvre des mesures de protection et de gestion durable. Créée en 1999, l'Iniatiative Française pour les Récifs Coralliens (IFRECOR) agit depuis 10 ans pour leur préservation sans oublier les écosystèmes associés, mangroves et herbiers.

Dans le cadre de son programme d'action quinquennal et à l'occasion de l'Année des Outre-Mers, l'IFRECOR, a lancé le 27 Juin dernier, la premiére édition d'un concours qui a pour objectif de récompenser et de valoriser des projets réalisés à l'initiative des élus ultramarins et ayant eu des impacts positifs sur les récifs coralliens. L'objectif de la Palme IFRECOR est de mettre en lumière les bonnes pratiques mises en œuvre par les élus d'Outre-Mer, dans leurs collectivités pour la gestion durable des récifs coralliens, herbiers et mangroves.

Le jury de la Palme IFRECOR 2011, présidé par le Professeur Bernard Salvat, qui rassemble des spécialistes des récifs coralliens et de la biodiversité, a reçu neuf projets provenant des trois océans et a procédé à la remise des prix le 14 Décembre dernier, à Saint-Denis de la Réunion.

Dans la catégorie "Éducation et sensibilisation", la Palme a été attribuée au projet : Création, dans la Réserve naturelle de Saint-Martin, sur l'Île Pinel, d'un sentier marin éductaif ponctué de stations de découverte commentées grâce à un équipement FM installé sur les tubas. Tout au long de sa progression, le visiteur de cet étonnant circuit peut écouter des messages descriptifs des herbiers et coraux, de leurs fonctionnalités écologiques ou encore de la faune sous-marine locale.

Dans la catégorie "Protection, valorisation et restauration", la palme a été décernée au projet : Réhabilitation d'un espace lagonaire impacté par la prolifération du poisson jardinier dans la commune de Punaauia en Polynésie Française. Face au développement explosif depuis 15 ans de ce poisson qui colonise le lagon et interdit l'accès aux autres espèces de poissons, il s'agit pour la commune de mettre en place une gestion concertée du lagon en harmonie avec les pêcheurs et les touristes.

Les citoyens s'y mettent. Certaines entreprises aussi. Avec ces expériences récompensées, aujourd'hui les collectivités amorcent également un mouvement volontaire vers une gestion plus vertueuse de la ressource naturelle. Même si ces premières initiatives peuvent encore sembler timides, on ne peut qu'espérer que ce soit le début d'engagements plus marqués en faveur de la préservation des espèces que l'activité humaine a contribué à placer en sursis.

Références :


2. Les CIGALES, au service des fourmis

par Jean-Claude, Dirigeant

La politique de nombre de grandes entreprises (délocalisations, concentrations, rachats d'entreprises locales sur des critères uniquement économiques) a pour effet d'éloigner les centres de décision et d'activité dans des zones qui ne tiennent pas compte des aspirations sociales, humaines et environnementales des populations.

Face à cette tendance, nous sommes de plus en plus nombreux à souhaiter que l'activité économique contribue, au contraire, à ancrer la population dans les territoires et à permettre aux familles de s'épanouir dans un cadre où elles ont choisi de vivre. Bien souvent, il s'agit du lieu de naissance de l'un des membres de la famille, un Français sur dix vivant dans sa région d'origine.

L'idée de "relocaliser" l'économie est de plus en plus évoquée par les acteurs économiques. De plus en plus de citoyens, conscients de l'effet délétère des transports sur l'environnement et du chômage local induit par les politiques économiques actuelles, ont également le souhait d'orienter les activités de leurs régions afin que leur inévitable consommation puisse s'effectuer sur la base de produits frais ou manufacturés par des artisans proches de leur lieu d'habitation.


Pour que des entreprises à vocation sociale, environnementale ou artisanale se créent ou subsistent dans nos régions nous devons tous, citoyens, associations, collectivités locales, etc... permettre l'existence de conditions propices à leur création et à leur développement.

Les exigences sont multiples : une idée, un savoir-faire, des clients et, bien évidemment, des ressources, notamment financières.

Pour les idées, faisons confiance à l'entrepreneur.
Pour le savoir-faire, il est indispensable que les formations soient adaptées aux besoins, c'est la compétence des régions et de l'Education Nationale.
Et pour les clients cela nous incombe, dans nos choix de consommation ...
Pour les ressources financières, avec les économies du créateur, nous devrions pouvoir compter sur les banques. Mais c'est précisément là que le bât blesse ...

En effet, les banques voient d'un oeil favorable les projets rassurants, portés par des structures importantes dotées de services dédiés aux relations avec les investisseurs, à même de présenter des dossiers ficelés par des professionnels dont les prestations sont hors de portée d'entités plus modestes. Mais lorsqu'un porteur de projet ayant peu de moyens leur présente une idée un tant soit peu originale ou, plus simplement, non conforme aux critères élaborés par un expert de la finance dont la vision du monde de l'entreprise se borne aux limites du Parvis de la Défense, la simple ouverture d'un compte est déjà problématique, alors l'obtention d'un emprunt dans des conditions raisonnables relève carrément de la lubie.

Or, les statistiques le montrent : l'emploi est majoritairement créé par les petites entreprises, quelquefois de très petites entreprises. En 2010, seules 7% des créations d'entreprises se sont faites en société et 93% ont donc eu lieu en nom personnel, employant généralement jusqu'à 5 salariés.


C'est pourquoi des citoyens, conscients de leur responsabilité et ayant envie d'agir, ont cherché des solutions.

Puisque les banques ne répondaient pas à leurs attentes, ils ont créé des CIGALES (Club d'Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l'Epargne Solidaire) afin que leur épargne soit active dans des projets qu'ils soutiennent plutôt que d'être inutile ou d'alimenter la spéculation.

Un club CIGALES est une structure de capital risque solidaire, à dimension humaine (5 à 20 personnes au maximum), mobilisant l'épargne de ses membres au service de la création et du développement de petites entreprises locales et collectives (SARL, SCOP, SCIC, SA, associations).
Les CIGALES se situent au carrefour des démarches d'épargne de proximité, d'épargne éthique et d'épargne solidaire.
Les critères de choix sont prédéfinis dans une charte et c'est lors d'une Assemblée Générale que les membres décident, ensemble, de soutenir ou pas les différents projets qui leur sont présentés. Les critères de type d'activité et de gouvernance sont essentiels dans le choix des "Cigaliers" qui mettent en balance aussi bien l'aspect financier que les aspirations de chacun.

L'épargne mensuelle est environ de 30€ en moyenne par "Cigalier" avec un engagement de 5 ans.
La contribution n'est donc pas très élevée mais elle permet de mobiliser des financements non négligeables pour de petites sociétés :
Les interventions des CIGALES dans les entreprises vont de 3000€ à 6000€ et peuvent ensuite être amplifiées par l'effet levier que cette prise de participation va provoquer. L'idée est en effet d'enclencher un tour de table et de mobiliser des fonds solidaires comme France Active, les collectivités locales et les banques de l'économie sociale comme la NEF ou encore le Crédit Coopératif. La levée de fonds initiale peut ainsi être multipliée par 4 ou 5, voire plus.


Bien évidemment, les CIGALES ne sont pas qu'une histoire d'argent, ce serait triste ...
Outre leurs ressources financières, les "Cigaliers" vont mobiliser leurs réseaux, leurs compétences, leur disponibilité pour favoriser le bon développement et la promotion de l'entreprise qu'ils auront choisi d'aider. Et, pour peu que son activité réponde à l'un de leurs besoins, il y a de fortes chances qu'ils en deviennent en outre les premiers clients.
On le voit bien : le vivre ensemble, l'entreprise, l'emploi, la solidarité et le souhait d'avoir une vie et des actes qui ont du sens sont compatibles avec la finance ... solidaire.

Références :


3. Tentations : pourquoi flanche-t-on ?

par Frédéric, Responsable Marketing Multicanal

Janvier, c'est le mois de toutes les bonnes résolutions ...
Après les fêtes de fin d'année et leur lot d'excès, chacun s'efforce de déterminer quelques axes prioritaires sur lesquels il cherchera à s'améliorer au cours de la nouvelle année. Bien souvent, plutôt que de changer le monde, il s'agit plutôt de renoncer à quelques mauvaises habitudes.

Mauvaise nouvelle : janvier est également le mois des résolutions non tenues. Une étude menée en 2007 en Grande-Bretagne auprès de 3000 personnes a même estimé leur taux d'échec à 88%.
Par expérience, nous le savons tous. Après quelques jours, au mieux quelques semaines, d'efforts soutenus pour infléchir notre hygiène de vie défaillante (diète, arrêt des toxiques, exercice physique, analyse critique des informations présentées au journal de 20 heures, ...), nous cédons inéluctablement aux pulsions dont nous nous efforcions de nous débarrasser.

Et il y a en fait à cette faiblesse de notre volonté une explication tout à fait rationnelle. C'est à cette conclusion qu'est parvenu l'économiste comportemental Baba Shiv de l'Université de Stanford. L'expérimentation qu'il a conduite sur quelques dizaines d'étudiants volontaires est aussi intéressante dans ses enseignements qu'elle peut sembler loufoque dans ses modalités de mise en oeuvre : ses cobayes ont été répartis en deux groupes. Aux membres du premier, on demandait de retenir un nombre à 2 chiffres. A ceux du second, un nombre à 7 chiffres. Après quoi toutes ces recrues étaient inivitées à se rendre à l'autre bout de la salle, où des encas leur étaient proposés.
Résultat saisissant : ayant le choix entre une salade de fruits et une part de gâteau au chocolat, les membres du second groupe, ceux qui avaient une information plus longue à retenir, ont démontré une propension à se laisser tenter par les sucreries deux fois supérieure à celle des membres du premier groupe. La "charge cognitive" liée aux 5 chiffres supplémentaires était telle que l'esprit conscient des sujets était complètement accaparé par la mémorisation et que, par voie de conséquence, leur cerveau se trouvait incapable de résister à la tentation représentée par une part de gâteau.

Pas étonnant, dans ces conditions, qu'après les fêtes, le retour à une vie quotidienne dans laquelle les préoccupations qui nous assaillent sont innombrables laisse peu de chances à nos fameuses bonnes résolutions.
Face à ce constat désarmant de la faiblesse intrinsèque de notre volonté, les travaux de Walter Mischel menés à la fin des années soixante nous laissent toutefois entrevoir une lueur d'espoir. Les confiseries étant apparement une grande tradition en recherche comportementale, son expérience demeurée célèbre, le test du chamallow, a consisté à proposer à un enfant de quatre ans de choisir parmi quelques sucreries celle qu'il désirait. Il lui fallait ensuite dire s'il souhaitait la manger immédiatement ou bien s'il était prêt à attendre quelques minutes pour en obtenir une deuxième. Dans la grande majorité des cas, l'enfant choisissait d'attendre et se trouvait donc seul à patienter dans une pièce où ne figuraient qu'une chaise, une table et, face à lui, la sucrerie.
Or ce que cette expérience a permis de comprendre, après avoir observé plusieurs centaines d'enfants soumis au même dilemme, c'est que le maigre échantillon qui réussissait à résister à la tentation dans l'attente de la seconde sucrerie promise disposait non pas d'une volonté plus forte, mais d'une capacité à faire abstraction de la tentation en s'inventant une distraction, une sorte de diversion volontaire.

L'idée qui en ressort est que, sollicités comme nous le sommes en permanence par des tentations de toutes natures, nous sommes bien obligés de reconnaître que, du fait notamment de toutes les tâches qui requièrent notre concentration, notre volonté est éminemment faillible. Résister en permanence à la tentation n'est pas seulement épuisant, c'est impossible. La stratégie à adopter consisterait donc à éluder les tentations, les empêcher même de survenir en ne créant pas les conditions de leur apparition.
Facile à dire ... moins évident à faire, dans une société d'abondance où tout semble voué à être consommé et où la tentation, l'interdit transgressé, procure une satisfaction rapide - quoi que de courte durée - face à l'inconfort ambiant. Mais c'est peut-être là, précisément, que se joue notre capacité à être heureux : en ignorant tous les appels à combler impulsivement la distance qui nous sépare de ce qui nous tente, nous nous donnons la chance d'être bien, aujourd'hui, avec ceux qui nous entourent.

Références :

Crédits photographiques : Fabrice Lejoyeux, aSIMULAtor, Anoldent, Christopher Macsurak

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