Valeurs Nature

32 - septembre 2013

La Lettre d'Information de Synphonat

Dossier de septembre
Santé : la transparence prescrite

Dossier de septembre - Santé : la transparence prescrite

Le 16 septembre, les professeurs Bégaud et Costagliola, pharmacologues et épidémiologistes, remettaient à la Ministre de la Santé, Marisol Touraine, un rapport accablant.

Ils y dénoncent pêle-mêle une surconsommation de médicaments en France et des prescriptions non conformes aux applications reconnues des spécialités prescrites. Les conclusions de cette étude concernent en premier lieu les professionnels de santé mais intéressent également le grand public, usager du système de santé souvent moins impliqué dans ce type de travaux.

Les auteurs du rapport y dénoncent la méconnaissance de l'usage réel des médicaments en France, faute de transparence des données, nous y reviendrons.

Un dispositif de formation défaillant

Ils y dépeignent en outre un dispositif de formation des soignants défaillant au niveau de l'enseignement de la pharmacologie et de la prescription. Certes, on peut soupçonner que les métiers d'origine des deux auteurs ont influencé la direction qu'ils ont donnée à leurs investigations. Il n'en demeure pas moins que les différences significatives dans les taux d'usage hors AMM, c'est-à-dire en dehors du cadre pour lequel le médicament a reçu une autorisation de mise sur le marché par les autorités sanitaires, au niveau des principaux pays européens et la corrélation de cet indicateur avec l'importance accordée à ces disciplines dans les différents cursus médicaux apparaissent flagrantes.

Le résultat étant que, toujours selon ce rapport, les professionnels de santé français dépendraient de manière critique des outils d'aide à la prescription que constituent le guide Vidal, d'une part, et les conseils des visiteurs médicaux, d'autre part. Or le Vidal, même s'il représente une ressource précieuse, notamment dans sa récente déclinaison électronique, est alimenté par les seules monographies des spécialités pharmaceutiques fournies sur une base payante par les laboratoires eux-mêmes.
On comprend bien, dès lors, pourquoi les deux spécialistes du sujet à qui l'on a confié la rédaction de ce rapport estiment indispensables une meilleure formation des professionnels à la prescription et l'inclusion de savoirs de base concernant les médicaments, leurs usages et leurs risques dans les programmes de cours dispensés au grand public dès le collège.

La surenchère de scandales qui ont impacté l'industrie pharmaceutique ces dernières années semble leur donner raison. Dans le cas des statines, comme dans celui du Mediator, on peut en effet penser qu'un esprit critique un peu plus affûté du fait d'une formation préalable aurait probablement permis d'éviter des prescriptions inappropriées et les graves conséquences sanitaires qui en ont découlé.
Mais au-delà de la question de la formation des professionnels, c'est l'ensemble d'un système de santé dans lequel le patient est trop souvent infantilisé qui doit être remis en question. Un malade mieux informé doit être en position d'opérer de véritables choix concernant sa santé. Or un dispositif de santé qui repose en grande partie sur les informations émises par les mêmes acteurs intéressés à la vente des médicaments ne garantit pas, de toute évidence, ni la qualité ni l'impartialité des données à notre disposition.

L'accès à une information fiable est crucial

Retour, donc, au premier point évoqué par le rapport Bégaud - Costagliola : pour fonder de meilleures décisions, il est crucial d'accéder de manière moins tronquée à l'information, non seulement au niveau du corps médical et des professionnels de santé, mais également pour tout un chacun, acteur, obervateur, usager ou accompagnant.
Dans ce sens, un collectif de responsables associatifs, de chercheurs, d'assureurs, ... a lancé l'Initiative Transparence Santé. Dans la mouvance des logiques d'"Open Data" qui veulent que chacun puisse librement accéder à la donnée publique considérée comme un bien commun, ce groupement prône la transparence totale des données publiques de santé.
Malheureusement, si les responsables de cette initiative tombent d'accord sur le constat dressé par les professeurs Bégaud et Costagliola, ils sont en revanche beaucoup plus sceptiques quant aux solutions proposées. Ils n'y décèlent aucune piste d'amélioration notable du dispositif de surveillance de la consommation de médicaments qui serait de nature à rendre la donnée disponible plus fiable et plus utile à la prise de décision.

Jean-Yves Nau, titulaire de la Chaire Journalisme et Santé Publique à l'École des Hautes Études en Santé Publique, synthétise assez justement la situation sur son blog sous le titre choc "Médicaments en France : la gabegie se nourrit de l'absence de transparence". Nous vous invitons à lire son billet en détail. Il est particulièrement édifiant.

La prescription, aboutissement d'un processus critique

Quant à nous, nous en retiendrons essentiellement qu'il s'agit d'une énième illustration de l'importance que doit conserver la réflexion individuelle dans nos choix de santé. Le professionnel de santé bénéficie d'une formation et d'une pratique qui en font un allié inestimable pour identifier une pathologie ou un syndrome et édifier une stratégie de soin. En santé conventionnelle, l'Assurance Maladie a fini par le confiner trop souvent dans un rôle de prescription pour lequel, fâcheusement, il ne dispose pas de toutes les données et où les contraintes qui s'imposent à lui pour continuer à être reconnu dans sa pratique par le système officiel l'acculent fréquemment à prescrire par défaut. Alors, oui, les médecins développant des démarches indépendantes d'information sont de plus en plus nombreux, notamment grâce à la revue Prescrire. Mais rares sont ceux qui peuvent prendre le risque de s'affranchir clairement du dogme érigé par le système de santé.

Il est donc primordial que les tenants de pratiques alternatives de santé, professionnels comme usagers, continuent à combler le vide qui subsiste autour de la pharmacopée officiellement approuvée en envisageant avec un œil critique - mais de manière agnostique - toutes les réponses aux problématiques de santé, pour penser bien au-delà des molécules livrées clé-en-main par une industrie pharmaceutique elle-même malade de son culte du secret.

Références :

  1. 1- le rapport Bégaud Costagliola (format PDF)
  2. 2- manifeste de l'Initiative Transparence Santé
  3. 3- billet de Jean-Yves Nau, sur son blog

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Crédits photographiques : Carly & Art

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