Lettre d'Information Synphonat
Numéro 17 - Mars 2012

Bonjour,

Déjà le printemps ... Le moment de changer d'heure arrive (eh oui, c'est le week-end prochain !) pour mieux nous permettre de caler nos horloges biologiques sur l'allongement du jour et, accessoirement, de réaliser l'économie d'une énergie de plus en plus précieuse.

Une bonne occasion pour nous attarder quelques instants, ensemble, à observer les plantes, l'un des signes visibles de ce changement de saison, et pour redécouvrir l'intelligence de leur fonctionnement.

Une belle opportunité, également, pour nous en inspirer dans la recherche de solutions mieux pensées pour vivre nos vies, nos habitats et nos cités.


L'équipe Synphonat




1. À l'heure végétale

par Frédéric, Responsable Marketing Multicanal

Bien que les notions de biologie que nous avons tous intégrées dès l'école primaire nous l'aient enseigné, nous avons souvent tendance à oublier à quel point le végétal est vivant.
Probablement par analogie avec notre propre fonctionnement, nous reconnaissons aux caractéristiques des animaux, particulièrement ceux qui nous ressemblent, vertébrés, mammifères, primates, la réalité d'un comportement complexe.
Lorsque les plantes démontrent une activité, nous forçons le trait et tendons inconsciemment à l'anthropomorphisme comme l'illustrent les représentations habituelles de tournesols ou de plantes carnivores munis d'yeux, de bouches, de dents ...

Pourtant le monde végétal recèle réellement une intelligence particulière.
Des découvertes quasi-quotidiennes viennent étayer cette évidence :
Ainsi une équipe de biologistes de l'Université de Rice, à Houston, aux États-Unis, a récemment établi que, alors même qu'elles semblent inactives durant la journée, certaines plantes se préparent en fait au combat contre les insectes déprédateurs.

Janet Braam, l'une des instigatrices d'une nouvelle étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), observe que l'apparente passivité des plantes communes tranche parfois avec le fourmillement d'activité qui se déroule au niveau génétique et qu'elle compare à une forteresse assiégée en état d'alerte maximale.

Depuis longtemps, les biologistes savent que les plantes disposent d'une horloge interne qui leur permet de mesurer le temps qui passe en se basant sur les variations de luminosité. Certaines plantes adaptent la position de leurs feuilles pour suivre la course du soleil durant la journée, puis "réinitialisent" leurs feuilles une fois la nuit tombée pour les placer face à l'est, en prévision de l'apparition du soleil au petit matin. Des études récentes ont commencé à employer des outils génétiques pour étudier ce rythme "circadien" des plantes. Les chercheurs se sont focalisés sur Arabidopsis thaliana, une plante plus connue sous le nom d'"Arabette des dames" et utilisée comme organisme modèle pour la recherche génétique dans le monde végétal. Ils se sont alors rendu compte que pas moins du tiers des gènes d'Arabidopsis sont activés par son cycle circadien. Certains des gènes ainsi régulés sont directement liés à la réparation des blessures et à la guérison, ce qui laisse penser que cette plante sait anticiper les attaques d'insectes, tout comme elle anticipe le lever du soleil.

Afin de valider cette théorie, Danielle Goodspeed, thésarde en biochimie et en biologie cellulaire, a conçu un protocole d'expérimentation. Elle s'est basée sur des cycles d'ensoleillement de douze heures pour "régler" l'horloge circadienne de plants d'Arabidopsis ainsi que celle de chenilles Trichoplusia ni qui aiment se repaître de ces plantes.
La moitié des plants a été infestée de chenilles en respectant un cycle jour/nuit classique tandis que la seconde moitié a reçu des chenilles dont les horloges internes étaient en mode diurne - donc actif - aux heures où celles des plantes étaient en mode nocturne.

Il en est ressorti que les plantes dont l'horloge était en phase avec celle des insectes s'avéraient relativement résistantes alors que celles qui étaient "déphasées" se voyaient décimées par les insectes qui les dévoraient.
Goodspeed et ses collaborateurs ont ainsi mis en évidence le fait que cette plante utilise son horloge circadienne pour accroître sa production d'une hormone, le jasmonate - que les plantes sécrètent pour réguler la production de métabolites interférant avec la digestion des insectes -, pendant la journée, c'est-à-dire dans la période où les insectes affamés cherchent à se nourrir.
Ils ont en outre découvert que l'horloge circadienne était utilisée pour organiser la production d'autres substances de défense chimique telles que celles intervenant dans la protection contre les infections bactériennes.

Ces travaux présentent un intérêt évident pour l'élaboration de nouvelles stratégies de cultures résistantes aux insectes déprédateurs. A l'opposé des pesticides chimiques et autres produits phytosanitaires dont les risques en termes d'empoisonnement, de contamination et d'appauvrissement de la biodiversité sont désormais reconnus, la compréhension de ces mécanismes de défense naturels ouvre la voie à de nouvelles pistes de lutte contre les ravageurs, respectueuses de l'environnement.
Plus largement, ces découvertes nous incitent à un peu d'humilité face à la richesse et à la complexité des solutions que la nature a su mettre en place. Et, au final, il n'est pas si étonnant qu'en exploitant un peu mieux cette intelligence, nous puissions imaginer des remèdes qui nous permettent, à notre tour, de mieux conforter nos organismes dans leurs réactions face aux agressions extérieures.

Références :


2. Écocités : la révolution verte est en marche

par Lydie, Conseillère Clientèle

Des rocades bloquées, un air pollué, des nuisances sonores, du béton omniprésent et une absence de lien social. Un certain mal-être règne désormais dans les métropoles des pays industrialisés. Les sommets de la Terre de Rio et de Kyoto ont certes permis de poser des premiers jalons, notamment les Agendas 21, pour initier des améliorations en termes de qualité de vie, mais de nombreux efforts restent à accomplir pour voir émerger, un jour, les villes de demain : les écocités.

Cette évolution est cependant devenue nécessaire face à l'impasse d'inconfort dans laquelle nous nous trouvons. Les décisions prises au sommet de la Terre ont certainement facilité la prise de conscience du fait que l'espace urbain doit tendre vers une meilleure qualité de vie ainsi qu'en témoignent les initiatives récentes prise par de nombreux pays. Désormais les réalisations urbanistiques doivent poursuivre trois objectifs majeurs :

  • - remplacer les zones d'habitation de grande vetusté par du neuf
  • - innover en matière de qualité de vie dans l'ancien
  • - construire avec des normes écologiques

Les Agendas 21, adoptés par 168 pays dans le Monde, visent le développement équilibré d'un territoire. Déjà plusieurs villes de France et d'ailleurs ont commencé à prendre des initiatives visant à améliorer la situation dans certains quartiers et des actions concrètes ont été mises en place telles que : parcs de bicyclettes en location, transformation des déchets fermentescibles en biogaz et compost, réduction de l'utilisation des herbicides grâce au désherbage manuel et thermique, mise en place d'aires réservées au covoiturage, mise en place de parcs "autolib" ou "autopartage", toits végétalisés, etc.

Plus de 500 collectivités territoriales en France, communes, communautés de communes, conseils généraux et régionaux, ont adhéré à l'Agenda 21, véritable base de réflexion et d'échange d'idées, une formule transitoire qui prépare la mise en place d'écoquartiers et d'écovilles.

En effet, les nouvelles technologies, les nouveaux matériaux, les nouvelles exigences, le nouvel état d'esprit, sont autant d'éléments qui caractérisent la ville de demain. Il est possible aujourd'hui de disposer d'un habitat écologique presque idéal. La maison du futur sera pilotée par un gestionnaire de confort comportant un poste central de commande automatisé et programmable afin de réguler la température, l'humidité, la ventilation, la luminosité.

Ici ou là, de nombreux projets voient le jour et les nouveaux quartiers qui émergent, sont fondés sur l'urbanisme écologique. L'espace débarrassé de la circulation bruyante et polluante, offre un cadre verdoyant à une encablure des commerces et des espaces de loisirs. Plusieurs exemples sont intéressants et l'on peut en citer quelques qui font référence, comme Bedzed, cet écoquartier construit au Sud de Londres. La voiture est rarement utilisée grâce à l'organisation de la trame urbaine. Quant aux lieux de travail et aux différents services, ils sont construits à proximité des habitations. BO01 Malmö, en Suède, est aménagé sur une ancienne friche portuaire de 30 hectares en front de mer : ici, 80% du chauffage urbain sont assurés par la géothermie et 15% par le solaire et le biogaz. Un pool de petites voitures électriques est à la disposition des habitants

Autre exemple, le quartier Vauban de la ville de Fribourg-en–Brisgau situé en lisière de la Forêt-Noire : là, la création d'un forum d'informations et d'échanges d'idées et d'expériences a permis à la population de participer pleinement au développement du quartier et à la définition en commun des réalisations. Les eaux pluviales sont récupérées pour l'arrosage, l'alimentation des chasses d'eau et le lavage du linge.

La France, n'est pas en reste et Grenoble prévoit la création d'un écoquartier exemplaire dans la zone de Bonne, près du centre ville, avec des bâtiments à énergie positive (autosuffisants) grâce à des panneaux solaires thermiques et photovoltaïques, une végétalisation des terrasses et des pergolas.

Beaucoup plus avant-gardiste, le projet d'écoville d'Abou Dhabi ne manque pas d'originalité : cet émirat vient de lancer le projet d'une ville sans voitures, une cité verte en plein désert, Masdar, ville 100% écologique, sans émissions de Co2, sans déchets et autosuffisante.

D'autres projets, comme les écocités flottantes ou Lilypad constituent une solution innovante mais pour l'instant elles demeurent du domaine de l'utopie. C'est pourtant ce que propose l'architecte belge Vincent Callebaut : des "villes amphibies" qui flottent sur l'eau où il cherche à effectuer la synthèse entre les sciences physiques, les nouvelles technologies, l'art et le design. Des villes insubmersibles, mi-aquatiques, mi-terrestres, qui reposeraient sur un lagon artificiel et qui seraient une solution inédite aux conséquences des changements climatiques. Mais pour cela, il faudra attendre 2100.

Références :


3. Maison passive, le confort sans chauffage

par Arnaud, Responsable Informatique

Les maisons passives sont des bâtiments qui assurent un climat intérieur confortable, été comme hiver, sans avoir recours à un système conventionnel de chauffage ou de refroidissement.
Considérée comme une véritable utopie il y a quelques années cette construction commence à se démocratiser.
À l'heure où le prix des énergies - fossiles comme nucléaires - ne cesse d'augmenter, il devient urgent de trouver des alternatives.

Notes de chauffage trop élevées ? Logement humide ? Air vicié ? La maison passive pourrait bien être LA solution. Ce concept venu d'Allemagne, encore fou pour certains, est devenu pour d'autres la seule manière de concevoir et de vivre l'habitat. Vous l'avez peut-être aperçue au journal télévisé, dans des revues spécialisées. Mais comment vit-on sans chauffage ?

La construction repose sur 3 principes élémentaires : l'isolation, la ventilation et la récupération de chaleur.

Pour y parvenir, il est indispensable de limiter, voire d'éradiquer, les déperditions, c'est-à-dire tous les courants d'air que vous pouvez sentir chez vous. Mais attention, une maison passive est étanche à l'air mais pas hermétique. L'épaisseur de l'enveloppe (les parois extérieures, la dalle au sol et la toiture de la maison) est calculée en fonction de la température de confort souhaitée. On calcule les gains solaires, la chaleur que les habitants irradient mais aussi la température lorsque l'éclairage ou les différents éléments électriques fonctionnent. Un aspirateur en marche augmente, par exemple, la chaleur dans votre maison.

Une fois bien isolée par l'extérieur grâce généralement à de la ouate de cellulose et/ou à de la fibre de bois, la mise en place du triple vitrage, et une implantation appropriée, - orientée sud, la façade devient votre radiateur - le test d'étanchéité à l'air peut avoir lieu. Il s'agit alors de mettre la maison en dépression et en surpression pour calculer la surface de fuites d'air. Les points sensibles - le plus souvent au niveau des portes, des fenêtres, des angles - sont alors traités pour que l'air chaud ne s'échappe pas vers l'extérieur.

L'image de la maison passive se rapproche pour certains d'une boîte de conserve, mais finies les idées préconçues ! La maison est équipée d'une ventilation dernier cri qui permet un renouvellement constant de l'air intérieur - l'air se renouvelle une fois toutes les trois heures à 100% - on n'y ressent aucune sensation d'enfermement.

C'est grâce à cette ventilation double flux que l'on évite de laisser entrer directement l'air extérieur comme dans les constructions classiques. À titre d'exemple, l'air aspiré à 0°C est réchauffé par l'air vicié à l'aide d'un échangeur thermique pour être ré-insufflé dans votre maison à une température de 18°C.

Au fur et à mesure, les habitudes changent naturellement. Rien ne vous empêche d'ouvrir les fenêtres au printemps, pour autant, il n'y a plus besoin d'aérer comme dans une maison classique. Les odeurs ne stagnent pas et, pour des individus allergiques, l'air filtré convient tout à fait.

Puisque l'enveloppe est très bien isolée, les parois ne sont jamais froides. Et l'été, il suffit de filtrer le rayonnement solaire pour éviter toute surchauffe. le confort est constant, homogène dans toute la maison.

Autre atout majeur de ce concept d'habitation - il n'y a aucun modèle obligatoire -, les trois quarts des économies d'énergie sont obtenus grâce à l'enveloppe du bâtiment, la conception reste donc très libre et vous pouvez ainsi utiliser des matériaux écologiques, bois, chanvre, paille, plume, laine, etc.

La liste est longue aujourd'hui et les prix de plus en plus accessibles.

Vous pourrez également équiper votre maison de ce que l'on trouve déjà dans une construction basse consommation : puits canadien, panneaux solaires thermiques pour l'eau chaude sanitaire et panneaux solaires photovoltaïques pour l'électricité.

Mais au-delà de la technique, la construction passive entre dans un mode de vie global et chaque projet est différent. Il est donc important de cerner les besoins de chacun, ses goûts, son mode de vie afin que la construction remplisse pleinement son rôle et comble ses occupants.

Références :

Crédits photographiques : Fabrice Lejoyeux, Ewen Roberts, Sebastian Bergmann, Tõnu Mauring

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