C'est une recommandation classique en été : se méfier du soleil, et penser à utiliser une crème de protection adaptée. Du fait qu'elle favorise la survenue de certains cancers cutanés, l'exposition au soleil est considérée comme un danger.
Dans un autre domaine, il est admis aujourd'hui qu'une grande majorité de la population est déficiente en vitamine D. Or, notre principale source de vitamine D est celle que notre corps synthétise à partir du cholestérol, uniquement s'il y a une exposition suffisante aux rayonnements du soleil. Le déficit d'exposition semble être un facteur majeur dans le déficit de cette vitamine, reconnue comme un facteur majeur de santé osseuse et générale.
Alors que devons-nous craindre : trop de soleil ou pas assez ? La solution idéale serait-elle de se protéger activement des rayonnements solaires et de prendre des compléments de vitamine D ? Cela supposerait que le soleil ne nous apporte que la vitamine D, ce qui n'est pas le cas. Les choses sont plus complexes que cela. En comprenant mieux les effets du soleil et les différences de sensibilité individuelle à son exposition, chacun pourra choisir la meilleure solution pour lui-même.

Le soleil et ses bénéfices

Le soleil apporte chaleur et lumière sur la Terre, que nous y soyons exposés ou non. Si nous recevons directement et régulièrement son rayonnement, plusieurs bénéfices ont été démontrés : protéger la santé osseuse et générale par un meilleur apport de vitamine D, améliorer le sommeil et l'humeur, accroître les facultés mentales et réduire les symptômes de certaines maladies cutanées.

Soleil et vitamine D

80 % des besoins humains en vitamine D proviennent de la production interne au niveau de la peau. Celle-ci nécessite une exposition à certains rayonnements ultra-violets (UVB) qui sont absents toute la journée pendant les mois d'hiver et en début et fin de la journée toute l'année. L'exposition en cours de journée, d'avril à octobre, permet cette production. Celle-ci est optimale au soleil de midi en été : une courte exposition courte de 15 minutes sur une partie suffisante du corps permet alors une production importante de vitamine D.
Un niveau suffisant de vitamine D favorise la santé osseuse. Il est également lié à un meilleur niveau de santé générale. L'exposition faible liée au mode de vie urbain du monde moderne est considérée comme la cause principale de la déficience généralisée de la population occidentale.

Soleil, rythmes biologiques, sommeil et humeur

Il a été établi que la forte luminosité liée à l'ensoleillement, en contraste avec l'obscurité de la nuit, régule l'horloge interne, ce qui permet une bonne synchronisation des rythmes biologiques.
La production naturelle de mélatonine, ajustée par l'alternance de lumière et d'obscurité, favorise l'endormissement en fin de journée. Un manque d'exposition à la lumière du jour, ainsi que le prolongement de cette exposition tard le soir, peuvent perturber le sommeil.
Les effets d'une faible luminosité sur l'humeur se manifestent chez certaines personnes par une dépression saisonnière. L'exposition à la lumière solaire prévient la dépression et contribue à son amélioration quand elle est installée.

Soleil et facultés mentales

L'ensoleillement améliore l'attention, en agissant sur divers mécanismes cérébraux. La corrélation a été établie entre un manque de soleil et la fréquence des troubles du déficit de l'attention.
L'exposition régulière au soleil permet aussi de mieux mémoriser. Dans cet objectif, une lumière orange (proche de celle du soleil) a montré de meilleurs résultats qu'une lumière bleue (proche de celles des écrans).

Soleil et maladies de la peau

Le soleil a un effet favorable sur certaines maladies de la peau. Le psoriasis est régulièrement en rémission pendant la période estivale. L'eczéma et l'acné sont parfois améliorés.

Le soleil et ses dangers

Le rayonnement solaire a une part visible qui crée la lumière et une part invisible comprenant les infrarouges (IR) et les ultraviolets (UV). Les IR apportent de la chaleur. Les UV, utiles pour synthétiser la vitamine D, sont aussi potentiellement néfastes.
Le soleil peut déclencher des hypersensibilités ("allergie au soleil") et agresser directement la peau, ce qui favorise à court terme des brûlures (coups de soleil), à moyen terme certains cancers cutanés et, à long terme, le vieillissement accéléré de la peau. Ces diverses complications ont conduit à des mises en garde vis-à-vis du soleil, invitant à réduire l'exposition.

Les effets néfastes immédiats du soleil

Le coup de soleil est une brûlure douloureuse consécutive à une exposition trop longue aux UV en l'absence de protection. Il survient d'autant plus facilement que la peau est claire et rarement exposée.
Il existe également des hypersensibilités individuelles au soleil : la photosensibilité et des photo-allergies dont les plus fréquentes sont appelées lucites.

La photosensibilité est une fragilité excessive aux effets du soleil, avec des coups de soleil pour de faibles expositions, en relation avec la prise d'un médicament ou l'application d'une crème. Le phénomène peut se reproduire pendant plusieurs mois après l'arrêt du traitement en cause. De nombreux médicaments sont concernés. Quelques produits naturels, dont le millepertuis, ont également cet inconvénient.
Les lucites se manifestent par des éruptions sur les zones exposées (visage, nuque, épaules, dos, mains, arrière des pieds). Il y a de nombreuses variantes, avec deux types principaux :
La lucite estivale bénigne est la forme la plus fréquente. Elle survient dès le premier jour d'exposition solaire, en moyenne 12 heures après, avec des petites papules érythémateuses qui démangent et gênent le sommeil. L'éruption épargne en principe le visage et disparaît spontanément après une semaine à l'ombre. Elle réapparaît lors d'une nouvelle exposition. Si elle est bien tolérée et que l'on poursuit l'exposition de manière modérée, il est classique qu'elle cesse lorsque le bronzage apparaît. Elle récidive généralement tous les ans.
La lucite polymorphe est plus rare et plus grave. L'éruption atteint aussi le visage. Son aspect est variable, toujours accompagné de démangeaisons. Elle ne disparaît pas quand le bronzage apparaît. Elle récidive à chaque nouvelle exposition et s'aggrave d'année en année.
Il existe deux voies thérapeutiques utilisées pour les photo-allergies : certains médicaments et la désensibilisation par exposition maîtrisée et progressive aux rayons UV concernés.

Les cancers de la peau

Les cancers cutanés, notamment les mélanomes, ont une causalité polyfactorielle. Ils sont en constante augmentation. L'exposition aux UVA, et surtout aux UVB, est un facteur parmi d'autres. Comme il est possible d'agir sur ce facteur spécifique, des campagnes d'information sont destinées à faire prendre conscience du danger du soleil, afin de limiter l'exposition et/ou d'utiliser des protections efficaces.
Cependant, les études récentes montrent que l'utilisation d'écrans solaires n'a pas d'effets significatifs sur l'incidence des cancers de la peau.

Le vieillissement cutané

Le vieillissement cutané (sécheresse, hétérogénéité du teint, taches pigmentées, couperose et rides) est lié à la formation de radicaux oxydants, qui sont favorisés par l'exposition aux rayonnements UV du soleil. Une peau fréquemment exposée au soleil et mal protégée contre le stress oxydatif vieillit plus rapidement.

Prendre en compte nos différences individuelles

Les êtres humains présentent de grandes différences de protection naturelle vis-à-vis du soleil, du fait de la pigmentation de leur peau.
Un regard sur l'évolution biologique montre que plus l'exposition est forte, plus les individus ont développé une peau capable de les protéger des effets néfastes du soleil, tout en maintenant une synthèse suffisante de vitamine D si l'irradiation UV reste forte.
On distingue sept niveaux de sensibilité au soleil avec, pour chacun, des recommandations spécifiques.

Sept phototypes humains

Un phototype définit certaines caractéristiques de la peau humaine avec des conséquences sur la sensibilité aux rayonnements du soleil. Sept ont été définis. Les peaux les plus claires sont les plus sensibles et produisent facilement de la vitamine D. Elles doivent limiter l'exposition et se protéger par des écrans solaires. À l'opposé, les peaux les plus sombres sont naturellement protégées et doivent beaucoup s'exposer pour produire suffisamment de vitamine D.

  • 0 Albinos Peau et cheveux très clairs, yeux non colorés Impossibilité génétique de produire de la mélanine. Peau très claire qui ne bronze pas et réactions rapides lors de l'exposition au soleil.
  • 1 Roux Peau laiteuse, cheveux roux Une exposition solaire, même très courte, entraîne un coup de soleil, pratiquement pas de bronzage.
  • 2 Blond Peau claire, cheveux blonds Bronzage possible, mais coups de soleils faciles.
  • 3 Intermédiaire Peau claire ou mate, cheveux blonds ou châtain Parfois des coups de soleil en début d'exposition. Bronzage classique doré. D'autant plus sensibles que les yeux et les cheveux sont clairs.
  • 4 Brun Cheveux bruns, yeux foncés, peau mate Bronzage rapide et coups de soleil rares.
  • 5 Méditerranéen Cheveux bruns, yeux foncés, peau brune Idem avec bronzage plus rapide et coups de soleil plus rares.
  • 6 Noir Peau, cheveux et yeux noirs Coups de soleil exceptionnels.

Protection personnalisée

En fonction des phototypes, l'exposition optimale et les moyens de protection proposés seront différents. Le tableau suivant, proposé par la revue Science et Avenir reprend les recommandations de l'ANSM. Le SPF* (Sun Protection Factor) est l'indice de protection qui sert de référence pour qualifier les écrans solaires.

1. Sujets extrêmement sensibles (roux) Haute protection
SPF 30-50 Très haute protection
SPF 50 + Très haute protection
SPF 50 +
2. Sujets sensibles au soleil (blond) Moyenne protection
SFP 15-20-25 Haute protection
SPF 30-50 Très haute protection
SPF 50 +
3. Sujets intermédiaires (brun, peau claire) Faible protection
SFP 6-10 Moyenne protection
SFP 15-20-25 Haute protection
SPF 30-50
4. Sujets à peau résistante (brun, peau sombre) Faible protection
SFP 6-10 Faible protection
SFP 6-10 Moyenne protection
SFP 15-20-25
5 & 6. Sujets à peau foncée ou noire Faible protection
SFP 6-10 Faible protection
SFP 6-10 Moyenne protection
SFP 20

Comment s'exposer pour obtenir les bénéfices sans nuisances ?

La prise en compte des bénéfices et des dangers du soleil nous place face à un choix difficile : est-il préférable de s'exposer ou non ? Peut-on avoir les bénéfices sans les inconvénients, ou le choix des bénéfices implique-t-il l'acceptation de certains risques ?
L'application de certaines règles de conduite permet d'optimiser le rapport bénéfices/dangers. Cependant, les conditions naturelles de vie entraînant toujours certains risques, vouloir à tout prix réduire le danger conduira à se priver de nombreux bénéfices. C'est le risque des campagnes qui présentent le soleil comme dangereux avant tout et mettent l'accent sur la nécessité de protection.

De très bonnes raisons de s'exposer

Les multiples effets bénéfiques du soleil nous invitent à vivre autant que possible à la lumière du jour, à nous exposer prudemment et progressivement en fonction de notre phototype, et suffisamment pour synthétiser la vitamine D dont nous avons besoin
Pour celles et ceux dont l'activité ne permet pas une exposition régulière au soleil qui met en place une protection naturelle par le bronzage, il est important de ne pas systématiquement se protéger avec un écran total lors des sorties sous le soleil en été et de s'accorder régulièrement un temps court et suffisant (15 minutes), pendant lequel une partie importante du corps est exposée en plein soleil. C'est à la fois très efficace pour la synthèse de la vitamine D et sans danger avéré.

De très bonnes raisons d'être prudent

On pourrait penser que le soleil est naturel, que les humains ont toujours été exposés là où ils vivaient, et qu'il est le propre de tout être vivant de s'adapter aux conditions de vie de son milieu. Pendant bien longtemps, nos ancêtres vivaient dehors, prenaient le soleil quand il était là et les cancers de la peau n'étaient pas si fréquents que de nos jours, alors que la vie se passe beaucoup plus à l'intérieur et que les protections solaires sont très répandues pour les expositions estivales. Il y a quelque chose de cohérent dans cette attitude naturelle, mais aussi quelques bémols qui nous incitent à éviter une confiance trop naïve :

Le contexte de vie a changé. N'étant plus exposés naturellement dès l'enfance comme l'étaient nos ancêtres, nous ne développons pas une adaptation protectrice du même ordre qu'eux. Notre peau est moins bien protégée.
Du fait des migrations de populations, certaines personnes ont une peau qui n'est plus naturellement adaptée au niveau d'ensoleillement.
Du fait de l'altération de la couche d'ozone par accumulation de certains produits chimiques issus des activités humaines, le niveau des UV agressifs pour la peau qui atteint l'écorce terrestre est probablement plus élevé qu'il ne l'était il y a quelques décennies et le soleil est devenu plus dangereux pour notre peau.
Un soleil plus dangereux sur une peau plus fragile accroît donc notre risque de cancérisation. Il y a bien d'autres facteurs qui contribuent à l'apparition de ces cancers, sur lesquels il est difficile voire impossible d'agir. C'est pourquoi il est avantageux, en termes de prévention, d'agir sur le facteur ensoleillement que l'on peut maîtriser.


Comment s'exposer avec un minimum de risque ?

Les effets néfastes du soleil sont nombreux et leur seuil d'apparition dépend de la fragilité de chacun. En dehors des phénomènes d'hypersensibilité, c'est une exposition excessive pour le phototype, sans protection appropriée, qui favorise les effets néfastes.
Il convient donc de connaître son phototype, ainsi que les préconisations qui lui correspondent, et de respecter quelques règles :

En plaine, ne pas s'exposer au-delà du niveau toléré par notre type de peau, et ne pas changer brutalement de niveau d'exposition, pour laisser le temps au bronzage d'assurer la protection.
En altitude et dans des contextes de réverbération (eau, sable et surtout neige), ne pas oublier que l'exposition aux UV est plus agressive et qu'une protection supplémentaire est nécessaire.
Pour toute situation dépassant l'exposition maximale de sécurité, utiliser une protection adéquate.
Choisir simplement et consciemment
Le soleil est-il un ami que nous devons apprivoiser ou un ennemi qui nous veut du mal ? Les campagnes successives de mise en garde face au risque accru de cancers cutanés lié aux UV solaires ont eu tendance à diaboliser les expositions au soleil, jusqu'à nous faire oublier leur nécessité comme besoin biologique.
Pour les raisons que nous avons indiquées précédemment, la voie juste semble être de ne pas mésestimer les dangers d'une exposition inadaptée à notre peau, sans pour autant diaboliser cette lumière qui nous est si précieuse.
Un chemin de bon sens et de conscience !

Lexique

Stress oxydatif

situation dans laquelle les substances oxydantes produites par le corps (inflammation, suralimentation...) ou apportées par l'extérieur (fumée, toxiques, rayonnements…) sont trop abondantes pour être neutralisées par la défense antioxydante et causent des dégâts sur les cellules de l'organisme.

SPF : Sun Protection Factor (Indice de protection solaire)

Indice quantifiant le pouvoir protecteur d'un produit contre les coups de soleil. Il est déterminé par des tests standardisés ayant la même signification dans tous les pays.