Les poux, les agents de la gale, et les punaises de lit ont plusieurs points communs. Ils sont très petits et ils se cachent, ce qui les rend généralement invisibles. Ils parasitent la peau des organismes humains, ce sont donc des ectoparasites*. Les manifestations qui accompagnent leur présence sont désagréables. Ils se répandent facilement et il est difficile de s'en débarrasser.

Ces parasites ne présentent pas de réel danger pour la santé, mais le désagrément qu'ils provoquent et la difficulté à les éliminer définitivement peut devenir un réel souci.

Dans chaque cas, la solution efficace ne peut pas se résumer à la simple application d'un produit, aussi performant soit-il. Le programme doit prévoir les récidives liées au fait que des œufs persistent après le traitement et peuvent ensuite éclore, ou qu'une nouvelle contamination survienne à partir de l'entourage ou de l'habitat.

LES POUX

Les poux sont régulièrement associés à quelques images gravées dans la mémoire de l'humanité : ils se logeraient sur la tête des enfants ayant une hygiène défaillante et ce serait une histoire d'un autre temps. La réalité est bien différente : les poux sont très actuels et peuvent toucher une large population. Des traitements existent. Il faut cependant une démarche rigoureuse pour assurer une guérison totale sans risque de récidive.

poux

LA PÉDICULOSE, PLUS FRÉQUENTE QU'ON LE CROIT

La pédiculose du cuir chevelu désigne la présence de poux sur la tête. Chaque année, plus de 100 millions de personnes seraient infestées dans le monde. C'est probablement la parasitose la plus fréquente.
Les poux sont des petits parasites qui mesurent 2 à 3 millimètres. Ils se voient donc à l'œil nu. Ils s'attachent aux cheveux par leurs pattes. Ils se nourrissent du sang qu'ils prélèvent par piqûre. Ils provoquent des démangeaisons et des rougeurs locales.
Les femelles pondent des œufs appelés lentes qui mesurent environ 1 millimètre, sont de couleur claire et s'accrochent à la base d'un cheveu. Couper les cheveux courts ne permet donc pas de les éliminer.

COMMENT LES POUX SE MAINTIENNENT ET SE REPRODUISENT

Un pou ne peut vivre que sur une tête humaine. Dans le milieu extérieur (peigne, bonnet, oreiller...), les adultes peuvent résister jusqu'à 48 heures et les lentes jusqu'à deux semaines.
Son cycle est d'environ 40 jours : la moitié pour arriver à l'âge adulte et l'autre moitié pour mener sa vie de pou et se reproduire. La femelle pond jusqu'à 7 œufs par jour, ce qui assure un renouvellement permanent. Si tous les adultes sont éliminés, les lentes qui vont éclore un peu plus tard permettent leur réapparition.

DES IDÉES FAUSSES À RECTIFIER

Les poux peuvent coloniser la tête des enfants et des adultes, dans toutes les catégories de population. Leur présence n'est pas directement liée à un manque d'hygiène. La fréquence plus grande dans les milieux défavorisés est la conséquence de pédiculoses non traitées qui se transmettent davantage.
La contamination ne peut pas se faire à partir d'un animal puisque le pou est un parasite exclusivement humain. Les poux ne sautent pas, ils passent directement d'une tête à une autre lors d'un contact direct. Ils peuvent aussi se transmettre par un peigne ou un bonnet.
Les enfants de 3 à 12 ans sont les plus concernés, parce qu'il y a plus de contacts directs entre les têtes à cet âge-là. L'expérience montre que certains enfants sont plus sensibles que d'autres à la contamination. On parle alors de "tête à poux", sans savoir ce qui est vraiment responsable de cette sensibilité.

TRAITER EFFICACEMENT LES POUX ET LES LENTES

Les produits anti-poux sont nombreux et affichent de belles promesses, notamment une efficacité rapide et totale. La réalité est différente. Aucun principe actif ne peut détruire à 100 % les poux et les lentes, et quelques lentes rescapées suffisent au retour des parasites. C'est donc la synergie de l'application locale d'un traitement, d'une action mécanique sur le cuir chevelu éliminant toutes les lentes et d'un nettoyage adéquat des sources à risque contaminant qui permet cette efficacité.

Les produits insecticides (pyréthrinoïdes et malathion) ont deux inconvénients : ils ont des effets toxiques sur l'organisme humain et les poux peuvent développer des résistances. La diméticone, substance physiologiquement inerte, agit mécaniquement en étouffant les parasites. Elle est beaucoup plus intéressante, sans danger et avec une efficacité démontrée. Elle n'agit pas sur les lentes. Il est donc utile de refaire le traitement local après une semaine pour éliminer les parasites éventuellement réapparus à partir de lentes rescapées.
L'élimination au peigne fin de toutes les lentes présentes sur la tête est un complément indispensable pour éviter le retour des poux par voie interne.
Un traitement conjoint de la fratrie et une décontamination des objets potentiellement contaminés évite une nouvelle contamination par voie externe.
Cette rigueur qui agit conjointement sur plusieurs plans permet la guérison et écarte le risque de récidive.

LA GALE

La gale ou scabiose est une infestation* de la peau qui peut atteindre toute la population, enfants et adultes, sur tous les continents et dans toutes les classes sociales. Son agent est microscopique et ne se voit pas à l'œil nu. Il creuse des sillons dans la peau où il s'installe, se reproduit et crée de nombreuses démangeaisons. Il existe un traitement efficace dès lors que le diagnostic est établi. La décontamination du linge et des vêtements doit être rigoureuse pour s'en débarrasser définitivement.

gale

UNE MALADIE EN RECRUDESCENCE

La gale est connue depuis l'antiquité. Elle semblait en régression, mais depuis une dizaine d'années, on observe une recrudescence. Il n'y a pas de données statistiques précises. Il y aurait environ 300 millions de personnes atteintes dans le monde, plusieurs centaines de nouveaux cas par jour en France.
La gale est provoquée par un parasite trop petit pour être visible à l'œil nu : Sarcoptes scabei. Les femelles creusent un véritable tunnel où elles se nourrissent de débris cellulaires, pondent leurs œufs et laissent leurs déjections. La réaction de l'organisme à la présence du parasite dans la peau et à ses déjections explique l'ensemble des symptômes.
Les manifestations sont des démangeaisons (prurit), qui surviennent préférentiellement la nuit, et des lésions cutanées non spécifiques dues au grattage ou à la réaction immunitaire de l'organisme. Certaines formes de gale ont des lésions plus spécifiques.

UNE MALADIE CONTAGIEUSE

La gale se transmet par contact rapproché entre les corps. La contamination est le plus souvent intrafamiliale ou sexuelle, plus rarement à l'école. Elle survient également dans des communautés à forte promiscuité.
Les premiers signes apparaissent 3 à 4 semaines après la première contamination. La personne en incubation est contagieuse bien avant les manifestations, ce qui favorise la transmission dans la famille ou dans la communauté.
Le parasite pouvant survivre plusieurs jours hors de l'organisme (literies, vêtements...), il peut théoriquement revenir par l'extérieur après avoir été traité sur la personne. Cette contamination environnementale est plutôt rare. Elle concerne avant tout les vêtements et le linge de lit.
Les contaminations interhumaines dans la famille et le maintien de formes contagieuses dans les vêtements compliquent le traitement de la gale dans une famille ou une communauté.

UN DIAGNOSTIC NÉCESSAIRE

Les signes cliniques sont évocateurs mais non spécifiques. Ils sont parfois trompeurs, évoquant notamment un eczéma. Et inversement, la gale peut être injustement suspectée. Avant d'entreprendre un traitement et une décontamination, qui sont contraignants, il est nécessaire d'établir un diagnostic.
Celui-ci est généralement effectué par un dermatologue à partir des manifestations cliniques et de l'observation des sillons sur la peau. Dans l'idéal, un prélèvement par grattage au scalpel sur une lésion permet au laboratoire d'identifier le parasite au microscope.

UNE SOLUTION CONTRAIGNANTE MAIS EFFICACE

Il existe plusieurs produits actifs sur les sarcoptes. L'ivermectine peut être prise par voie orale et divers composés à action insecticide sont à appliquer localement. Ces médicaments ayant une certaine toxicité, il est important que le protocole soit adapté à la personne concernée et fasse l'objet d'une surveillance.
La réussite du traitement implique le traitement de l'entourage, même asymptomatique et une décontamination des vêtements, du linge de lit et du linge de toilette, lavés à au moins 60 degrés. Pour le linge délicat qui ne supporte pas cette température, il faudra envisager un traitement acaricide ou l'isolement dans un sac fermé pendant au moins 5 jours. L'habitat peut être décontaminé avec un acaricide (A-par, validé pour son activité sur les sarcoptes), mais cela est secondaire du fait du risque faible à ce niveau.

LES PUNAISES DE LIT

Les punaises de lit diffèrent des poux et des sarcoptes (gale) sur deux points : elles sont plus grosses et visibles à l'œil nu et ne se fixent pas sur l'organisme. Elles viennent seulement piquer pendant le sommeil pour se nourrir de sang en laissant des marques très voyantes.
Elles existent depuis l'aube de l'humanité et avaient quasiment disparu de nos contrées avec l'usage répandu d'un insecticide puissant : le DDT. Après l'interdiction de ce produit toxique, elles sont réapparues à partir des années 1990, en voyageant avec des meubles d'occasion ou des bagages. Elles sont désormais en pleine expansion. En 2016, 180000 logements infestés ont été comptabilisés en France.
Une fois installées dans un logement, elles s'y multiplient rapidement et deviennent un vrai fléau. Il est alors difficile de s'en débarrasser.

punaise de lit

DE PETITS VAMPIRES

Les punaises de lit, ou puces le lit, mesurent à l'âge adulte de 5 à 8 millimètres, ce qui les rend visibles à l'œil nu. Il est cependant rare de les voir, car elles ne sortent que la nuit. Elles sont alors attirées par la chaleur des corps et utilisent leur appareil buccal piqueur-suceur particulièrement performant. D'abord elles injectent un anesthésiant qui rend la piqûre indolore, pour ne pas être détectées, et un anticoagulant pour fluidifier le sang. Puis, elles aspirent tout le sang dont elles ont besoin... Elles parasitent les humains et aussi d'autres mammifères et des oiseaux.

DE GRANDES VOYAGEUSES

Elles se déplacent activement à l'intérieur d'un logement, voire d'un logement à l'autre, cherchant toujours à aller là où se trouve de la nourriture.
Ce sont aussi de grandes voyageuses passives, qui se glissent dans les bagages et se déplacent ainsi d'une ville à l'autre, d'un pays à l'autre, et même d'un continent à l'autre, quand la valise prend l'avion.

UNE DISCRÉTION ET UNE RÉSISTANCE QUI PERMETTENT LA PÉRENNITÉ

Les punaises de lit savent se cacher dès qu'il y a de la lumière, dans les fentes des planchers, dans les recoins des habitations, dans les lits (fentes des structures en bois, coutures de matelas), c'est pourquoi on ne les voit pratiquement jamais.
Elles se reproduisent dès que les conditions sont favorables : température suffisante et présence de nourriture. Quand la température est trop basse, elles hibernent en attendant des conditions meilleures. Les larves, grosses consommatrices de sang, peuvent se passer de nourriture pendant plusieurs mois et patienter ainsi, si besoin, sans être menacées.

DES LÉSIONS INDOLORES MAIS TRÈS VOYANTES

Les punaises de lit piquent le plus souvent sur les bras, les jambes ou dans le dos. Il est fréquent d'avoir plusieurs piqûres alignées sur une trajectoire et il est possible de se retrouver le matin avec plusieurs dizaines de lésions !
Les piqûres sont généralement indolores et ne provoquent pas de démangeaisons. Elles sont en revanche facilement détectées par les lésions rouges très voyantes qui disparaissent en quelques heures à quelques jours. Dans certains cas, il y a une réaction allergique avec des manifestations plus ou moins intenses, mais cela est rare. En revanche, il n'y a aucune transmission de maladie connue.

UN TRAITEMENT RIGOUREUX POUR LES ÉRADIQUER DU LOGEMENT

Les punaises de lit ne séjournant pas sur la peau, il est inutile de traiter les organismes. Il est nécessaire en revanche de traiter rigoureusement ta totalité du logement pour faire disparaître tous les adultes, larves et œufs.
Un traitement mécanique préalable est utile. Il se fait en passant minutieusement un bec aspirateur dans toutes les fentes, puis dans l'idéal un nettoyeur vapeur. Il est aussi nécessaire de laver à haute température tout le linge de lit.
Un traitement insecticide est ensuite nécessaire. Il faut alors quitter son logement et faire intervenir un spécialiste, car les produits utilisés sont potentiellement toxiques. Il faudra ensuite longuement aérer pour éliminer les résidus.

DES PRÉCAUTIONS POUR NE PAS LES FAIRE ENTRER CHEZ SOI

Après un séjour dans un endroit contaminé (hôtel, logement de vacances), le pire serait de les ramener chez soi ! Il convient alors, en rentrant, de laver tout le linge à haute température, de décontaminer les divers objets pouvant héberger des parasites et de laisser la valise en quarantaine dans un endroit protégé où elle pourra être traitée.

LES TRAITEMENTS NATURELS SONT-ILS EFFICACES ?

Les traitements habituels utilisés contre les poux, les sarcoptes et les punaises ont une efficacité démontrée. Ils ont cependant une certaine toxicité et ne sont donc pas dénués de risques.
Des solutions naturelles existent avec notamment les huiles essentielles et le neem. Elles ne présentent pas de toxicité si les précautions d'usage sont respectées. Certaines semblent au moins aussi efficaces que les solutions médicamenteuses, mais ne disposent pas d'un niveau de validation suffisant pour le garantir.

AROMATHÉRAPIE

Certains principes actifs aromatiques ont des propriétés antiparasitaires bien connues et peuvent agir sur les poux, la gale et les punaises de lit. Ils peuvent agir en application sur le corps ou en diffusion pour décontaminer une habitation.
De nombreuses huiles essentielles contiennent ces principes actifs, en proportions diverses et les formules proposées varient selon les auteurs. Celles-ci ne disposent généralement pas d'une évaluation spécifique.
Il est probable que les mélanges d'huiles essentielles soient aussi efficaces, sinon davantage, que les produits pharmaceutiques, mais l'absence d'évaluation des formules proposées ne permet pas de le garantir.

NEEM

Le margousier, plus connu sous son nom anglais (neem), est un arbre originaire d'Inde qui a de nombreux usages en médecine ayurvédique. Ses graines contiennent divers principes actifs (notamment l'azadirachtine) ayant des propriétés insecticides et vermifuges marquées.
L'huile de neem est utilisée en agriculture et sur les animaux pour éliminer les parasites. Elle est considérée comme non toxique par voie locale, par la tradition ayurvédique et par de nombreux utilisateurs. Elle est en revanche suspecte pour les autorités sanitaires, qui n'autorisent pas sa vente comme insecticide naturel. Elle ne peut donc pas être proposée comme produit phytosanitaire [2]. En France, sa vente est cependant tolérée, sans allégation*.

PRODUITS NATURELS CONTRE LES POUX

Il existe des solutions naturelles contre les poux. Trois ont été évaluées positivement : l'huile essentielle de tea tree, l'huile de coco et l'extrait de pépins de pamplemousse.

Plusieurs huiles essentielles sont connues pour l'activité anti-poux, le tea tree étant la mieux évaluée. Les auteurs proposent des mélanges qui augmentent l'activité par mise en synergie de principes actifs différents. Il existe ainsi des préparations à joindre au shampooing pour un effet préventif et d'autres à appliquer sur la nuque en les laissant agir la nuit pour un effet curatif.
L'huile de coco a une action moins spectaculaire, plus lente et d'application plus difficile. Elle peut avantageusement servir pour diluer les huiles essentielles.
L'extrait de pépins de pamplemousse liquide peut être ajouté en volume égal à du shampoing. Suivant un essai clinique réalisé avec ce type de produit, il est préférable de laisser agir 20 minutes avant de rincer.
L'huile de neem est également efficace, mais son odeur forte et le manque de validation claire sur son innocuité ne plaident pas en sa faveur.

PRODUITS NATURELS CONTRE LA GALE

De nombreuses solutions naturelles sont proposées pour traiter la gale : Aloe vera, vinaigre blanc, huiles essentielles... Elles ne peuvent garantir la même efficacité que les traitements médicaux, faute d'évaluation.
Le plus sûr lorsque l'on souhaite éviter les médicaments potentiellement toxiques est d'utiliser un mélange d'huiles essentielles diluées (à 5 %) associant du tea tree, de la cannelle, du giroflier et de la menthe poivrée pendant 5 jours. La tanaisie annuelle peut s'y associer pour réduire les démangeaisons.

PRODUITS NATURELS CONTRE LES PUNAISES DE LIT

La particularité des punaises de lit est que l'on ne traite pas l'organisme mais le logement. La décontamination se fait dans un espace maintenu clos et en l'absence de ses occupants. La question de la toxicité se pose néanmoins, au retour de ceux-ci, avec les résidus de produits utilisés.
Avant de faire intervenir une entreprise spécialisée qui utilisera des insecticides potentiellement toxiques, pouvant laisser des résidus, la décontamination peut être tentée avec divers actifs naturels, principalement :

Les huiles essentielles (cannelle de chine, menthe poivrée, giroflier et tea tree), à diffuser pendant au moins 24 heures dans tout le logement
L'huile de neem, éventuellement associée à des huiles essentielles, peut être appliquée sur les planchers, les bas de mur.


LEXIQUE
ECTOPARASITE
parasites qui se logent à l'extérieur de l'organisme (peau, poils, cheveux...) contrairement aux endoparasites qui contaminent l'intérieur.

INFESTATION
il est d'usage en langage médical de parler d'infection pour les virus et bactéries et d'infestation pour les parasites.

ALLÉGATION
une allégation, pour un produit, est une propriété qui lui est attribuée pour en faire la promotion.