EVOLUTION : les micro-organismes  et l’homme

Depuis que l’homme existe sur terre et même depuis des milliards d’années auparavant, les microorganismes (bactéries, virus, parasites) vivent majoritairement en harmonie symbiotique avec les autres êtres vivants. On dénombre par exemple chez l’homme seulement 135 virus pathogènes sur 3500 recensés. En effet, il semble que l’évolution ne mette pas tous les œufs dans le même panier et laisse sa chance à tous les êtres vivants car la coopération est indispensable à la survie de tous. Nous sommes étroitement interdépendants. Comme dit le proverbe africain, « Seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin ! ». Et cela ne concerne pas qu’Homo sapiens !

Ce jeu de forces et d’équilibre entre le monde microbien et le monde animal est en perpétuelle évolution ou plus exactement adaptation. C’est même une nécessité car sans cesse surgissent de nouveaux agresseurs qu’il faut apprendre à contrer. C’est ainsi que les bactéries, qui sont là depuis bien plus longtemps que nous (3.8 milliards d’années contre 3 millions d’années) ont dû apprendre récemment à contourner le stress des antibiotiques !!

MECANISMES : Comment les bactéries résistent-elles aux antibiotiques ?

Depuis les années 40 et la Pénicilline, les bactéries ont multiplié les stratégies d‘évitement et de neutralisation des antibiotiques. Se reproduisant extrêmement rapidement, les générations successives ont largement eu le temps d’affiner leurs techniques ! En voici 2 :

La première est la technique de la forteresse. Un peu moyenâgeux certes comme moyen de défense mais redoutablement efficace. L’homme l’a appelé Biofilm. Il permet de résister à la fois aux cellules du système immunitaire prêtes à les dévorer et aux antibiotiques prêts à les détruire. Cette vie communautaire est le mode de vie préférée des bactéries.

schéma biofilm

Le biofilm est en réalité une matrice à la fois protectrice et nutritive fabriquée par les bactéries elles-mêmes. Il suffit qu’elles trouvent un support sur lequel adhérer et les voilà qui se mettent à proliférer tout en produisant un gel nourricier. Elles s’y déplacent et communiquent entre elles en toute liberté. Une fois ce biofilm parvenu à maturation, certaines bactéries peuvent s’en échapper tels des Aliens pour aller reconstituer un biofilm un peu plus loin. On les appelle des bactéries planctoniques, qui, agissant seules, redeviennent vulnérables vis-à-vis des antibiotiques ou du système immunitaire. Il faudra quelques minutes à un antibiotique pour éliminer une bactérie planctonique mais plus d’une heure pour pénétrer le biofilm.

Une seconde technique est la transformation de certaines bactéries en Persisters qui comme leur nom l’indique sont programmées pour durer. Elles font le lit des infections récidivantes. Les premiers persisters ont été décrits, en 2004, dans la communauté d’Escherichia coli, cette bactérie qui revient sans cesse dans les infections urinaires récidivantes.

En réalité, ces Persisters sont un sous-groupe de bactéries qui sous l’effet d’un stress (antibiotique) arrêtent de se développer et de se multiplier. Elles se mettent en dormance car les antibiotiques ne sont actifs que sur les bactéries en croissance. Faire le mort reste un moyen très efficace de tromper son agresseur !

Lorsque tout redevient calme, à l’arrêt des antibiotiques et de l’infection aigue, elles se réveillent comme la belle au bois dormant sous l’effet du prince charmant ! Elles reprennent alors leur croissance, leur multiplication et relancent de plus belle le processus infectieux. 

bacteries-persister

EMOTION : les bactéries auraient-elles peur ?

A défaut d’avoir des émotions, les bactéries comme tout être vivant détectent les situations de stress et s’organisent pour y répondre.

Lors d’une agression par un antibiotique ou des cellules du système immunitaire, la bactérie subit un stress de type oxydatif comme si on lui tirait dessus de toutes parts. Ce stress déclenche l’ouverture d’un système appelé système toxine/antitoxine. Ce dernier va se dissocier et libérer la toxine qui va bloquer tout le matériel nécessaire à la croissance et à la multiplication de la bactérie. Celle-ci s’auto-intoxique donc et devient un Persister. Elle entre alors en hibernation en attendant que l’orage passe et que le calme revienne. Quand le danger s’est éloigné, une clé vient rouvrir l’usine de production du matériel qui reprend son activité ; le couple toxine/antitoxine se reforme ; la bactérie reprend vie et envahit à nouveau le terrain. C’est la récidive !

Devant une telle ingéniosité, qui permet de contrôler la quantité de Persisters, on pourrait se sentir bien impuissant. Mais une chose est sûre, nous abritons son habitat. Elle a donc tout intérêt à ne pas trop le dégrader et nous avons tout intérêt à l’entretenir pour mieux nous défendre. C’est une question d’équilibre comme dirait Francis Cabrel. Pour cela, nous devons nourrir nos Avengers (nos microflores ou microbiotes) et entretenir nos premières lignes de défenses que sont les muqueuses et la peau.

ALIMENTATION : Comment nourrir nos Avengers  et notre système immunitaire?

Aliments

Fibres totales

Fibres solubles

Son d’avoine

Figues sèches

Pain complet

Oléagineux

Flocons d’avoine

Pruneaux

Pains bis

Dattes

Haricots blancs cuits

Artichauts

Pois chiches cuits

Petits pois cuits

Lentilles cuites

Pain blanc

Riz complet cuit

Légumes

Fruits frais

17-25

10

7,5

5-13

8,3

6-7

5

8,7

6,3

5,2

4

4,4

4-5

2-3

1,8

1-4

1-2,5

8

1,4

1

0,2-1

3,2

2,6

0,3

1,2

0,5

1,9

0,3

1,4

2,3

0,2

0,5

0,2-0,7

0,1-0,5

  • Le système immunitaire a besoin de nutriments spécifiques : Il est gourmand de fer, d’iode, de zinc, vitamines, A, D, C mais aussi d’antioxydants et oméga-3. 

Et pour protéger les 1ères lignes de défenses :

  • la peau et les muqueuses ont besoin d’une bonne hydratation par l’eau mais aussi par les acides gras essentiels (oméga-3-6-7-9) qui empêchent la déshydratation.
  • la peau et les muqueuses doivent être nettoyées mais NE PAS LES DESINFECTER pour ne pas détruire les microflores.
  • Renforcer les moyens naturels de défense:
    • boire suffisamment pour laver les voies urinaires,
    • maintenir un mucus de qualité sur l’ensemble des muqueuses :
      • digestives : fibres alimentaires
      • respiratoires : mouchage, humidification et assainissement de l’air
      • génitales : absence de toilette intra-vaginale
    • Respecter le pH acide de la peau (pH=5) et des muqueuses urogénitales (pH=4.5-5.5).
  • Respecter la quarantaine des personnes malades même si l’on ne peut éviter le risque de contamination par les porteurs sains. Être vigilant (hommes et femmes) si l’on n’a pas de partenaire stable.

Et limiter l’usage d’antibiotiques aux situations critiques pour ne pas donner de nouvelles idées aux persisters !

SPORT ET IMMUNITE

Comme le montre le schéma ci-dessous présenté lors d’une table ronde du comité national olympique, la sédentarité, comme le sport intensif diminuent les défenses immunitaires. La bonne nouvelle est que  l’activité physique modérée, au contraire, stimule cette immunité et qu’elle est à la portée de tous. Alors choisissez votre activité favorite et pratiquez la aussi souvent que possible sans excès. N’oubliez pas de garder des temps de récupération et de soigner votre sommeil. En effet, 2h de sommeil en moins c’est 30% d’efficacité immunitaire en moins !

sport et santé