L’Anthropocène ou quand l’homme modifia son environnement

L’Anthropocène correspondrait à une nouvelle ère géologique caractérisée par l’influence majeure de l’homme sur le milieu terrestre qui aurait débuté en 1784. D’autres font démarrer cette ère au milieu du 19ème siècle avec la révolution industrielle quand certains préfèrent la situer au néolithique lorsque l’homme s’est sédentarisé et a commencé à modifier son environnement à travers l’agriculture et l’élevage. Dans tous les cas, la modification du biotope dans lequel l’homme vivait a changé son rapport à l’environnement, a entrainé des bouleversements sociétaux majeurs et a conduit à l’accumulation de nouvelles substances dont les effets sur la santé humaine sont mal connus de même que leur impact et leur devenir dans l’environnement à court, moyen et long terme.

«La pollution de l’air continue de peser lourdement sur la santé des populations les plus vulnérables, à savoir les femmes, les enfants et les personnes âgées», déclare le Dr Flavia Bustreo, Sous-Directeur général à l’OMS. «Pour être en bonne santé, il faut respirer un air pur, du premier au dernier souffle» ajoute-t-elle.

L’enfant est vulnérable de sa conception à l’adolescence

Les voies respiratoires (nez, gorge, sinus, bronches, poumons) sont en contact permanent avec les contaminants aéroportés, qu’il s’agisse de gaz ou de particules. En moyenne, l’homme respire 15 m3 d’air par jour et en milieu urbain, il passe plus de 80 % de son temps à l’intérieur des locaux dans lesquels la pollution intérieure s’ajoute à la pollution extérieure.

L’enfant est particulièrement vulnérable car son système respiratoire est en pleine maturation. Pendant les 3 premières années, le développement des poumons est lié à la multiplication des  petites alvéoles ; de 3 à 10 ans à la multiplication et à l’augmentation de la taille de ces  alvéoles, Après 10 ans, il y a une augmentation continue du diamètre des bronchioles et des bronches et un remodelage des alvéoles jusqu’à ce que la croissance physique soit terminée vers l’adolescence. L’enfant reste donc vulnérable pendant toute sa croissance.

Récemment, suite à des travaux de recherche, il a été définit une période de vulnérabilité toute particulière des enfants aux facteurs de risque chimiques, biologiques et physiques. (https://www.santepubliquefrance.fr/la-sante-a-tout-age/la-sante-a-tout-age/les-1000-premiers-jours). On parle des 1000 premiers jours de vie qui comprennent la période de la grossesse (270 jours) et les 2 premières années de vie (2x365 jours). En effet, on sait aujourd’hui que ce n’est plus seulement le niveau de l’exposition mais également le moment de l’exposition qui détermine les effets induits visibles pour certains dès la naissance et pour de nombreux autres bien des années plus tard.

L’oxygène un nutriment vital qui se fait voler sa place!

L’oxygène qui constitue 21% de la composition de l’air peut être considéré comme un véritable nutriment puisque sans lui, il n’y a pas de vie. Dans un air « pur » il est accompagné d’azote et de 1% des autres gaz. C’est autour de ces 1% que se trouve tous nos polluants à des teneurs variables. Il est impossible de suivre l’ensemble de ces polluants de l’air mais une quinzaine servent d’indicateurs.

Le site d’airparif donne un tableau simplifié de l’origine des principaux polluants et de leur impact sur l’environnement et sur la santé. https://www.airparif.asso.fr/_pdf/tableau-polluants-origine-impacts.pdf.

principaux polluants

Concernant les voies respiratoires, les plus nocifs sont :

  • Le dioxyde d’azote (NOx), qui augmente la fréquence et la gravité des crises chez les asthmatiques et favorise les infections pulmonaires infantiles.
  • Les particules ou poussières en suspension (PM). Les particules inférieures à 10µm sont retenues au niveau du nez, du pharynx et du larynx quand celles inférieures à 2.5µm pénètrent en profondeur jusqu’aux alvéoles pulmonaires. Une augmentation de 30µg/m3 de PM2.5 entraine une augmentation de 40% des infections respiratoires aiguës. Les normes retenues par l’OMS sont pour les PM2.5<10µg/m3 et pour les PM10<20µg/m3. On considère qu’il y a un pic de pollution pour une teneur de PM10>80µg/m3.
  • L’ozone (O3) qui est irritant pour l’appareil respiratoire et les yeux
  • Le dioxyde de soufre (SO2)  qui provoque des irritations de la peau et des muqueuses des voies respiratoires supérieures (toux,  gêne  respiratoire, troubles  asthmatiques).
  • Les COV (Composés organiques volatiles) qui sont responsables d’irritations et de réduction des capacités respiratoires.

L’essentiel des méfaits sur la santé sont liés à la pollution chronique au-dessus des seuils définis et non aux pics de pollution. Allez chercher l’air « pur » dès que possible !

Pour connaitre la pollution de l’air en fonction des villes, des régions et des pays, l’OMS a mis en  ligne des cartes interactives qui fournissent des informations sur l’exposition aux particules d’un diamètre inférieur à 2,5 micromètres (PM2,5) pour tous les pays (http://maps.who.int/airpollution/) et pour celles d’un diamètre inférieur à 10µg/m3 (PM10) dans environ 3000 villes. En France, Paris, Lille, Valenciennes, Douai, Marseille, Strasbourg présentent les mesures les plus élevées.

La maison, un nid douillet réconfortant et sécuritaire et pourtant pollué !

Les effets de la pollution intérieure sont étudiés depuis les années 80. Elle concerne les habitations, les lieux de travail, les écoles, les crèches, les bars, les discothèques et les véhicules. À l’intérieur des locaux et des véhicules, les sources de pollution de l’air sont multiples. Elles sont liées aux occupants eux-mêmes, à leurs activités (consommation de tabac, bricolage, ménage…), aux matériaux de construction (revêtements de sols et de murs, peintures, matériaux d’isolation), ainsi qu’aux équipements du bâtiment (système de production d’eau chaude, de chauffage ou d’air conditionné).

Les principaux polluants intérieurs nocifs pour les voies respiratoires sont :

  • les moisissures responsables de rhinites, asthme, pneumonie via la production de substances allergisantes ou irritantes.
  • les substances allergisantes des animaux domestiques et acariens qui vivent à l’intérieur et des pollens venus de l’extérieur.
  • les bactéries dans les climatisations responsables d’infections pulmonaires.
  • les COV qui irritent les voies aériennes et favorisent l’asthme en particulier chez les enfants dont la maman a utilisé des produits ménagers pendant la grossesse. Ces polluants sont présents dans les produits domestiques : peintures, vernis, revêtements de sols, produits d’entretien, parfums, cosmétiques, journaux...
  • la pollution atmosphérique extérieure qui entre dans nos maisons: NO2, SO2, PM2.5, COV.
  • Enfin, ne pas oublier la grande nocivité du tabagisme passif pour les enfants. Les enfants de mères fumeuses ont un risque accru d’asthme, de symptômes respiratoires, de baisse de la fonction respiratoire, d’otites.

Le ministère de la santé avec l’INPES propose un guide interactif dans lequel, vous pourrez visualiser pièce par pièce toutes les sources de pollution intérieures :

prevention maison

Les bons gestes pour continuer à vivre et bouger en toute sécurité !

Devant la grande vulnérabilité des enfants en croissance et de la femme enceinte et allaitante, il est utile de mettre en place ces gestes et réflexes dès la conception. Ainsi, ils seront conservés tout au long de la vie et donneront les meilleures chances de bonne santé et en bonus préserveront du même coup la qualité de notre environnement et donc de notre lieu de vie à tous, la planète !

Les infections hivernales de l’enfant, seront d’autant mieux combattues que la fonction respiratoire n’est pas perturbée par d’autres agresseurs et en particulier des polluants multiples. Il convient donc en premier lieu de limiter les émissions à la source et de ventiler les espaces intérieurs des bâtiments et véhicules.

  • A la maison, la température idéale est entre 18 et 22° et le taux d’humidité entre 40 et 60%. Aérer tous les jours 20mn en dehors des créneaux les plus pollués. Vous trouverez tous les détails des gestes quotidiens à suivre dans le tout nouveau livret édité par l’ADEME pour garder un air sain chez soi! https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/guide-pratique-un-air-sain-chez-soi.pdf.
  • Dans la voiture, aérer régulièrement en évitant de le faire en trafic dense ou dans les tunnels car les polluants venant de l’extérieur et ceux émis dans l’habitacle s’y concentrent.
  • A l’extérieur allez-vous aérer avec vos enfants en semaine et le week-end en passant du temps dans les espaces verts, loin des axes de circulation et des zones industrielles. En ville éviter les créneaux horaires de forte circulation (matin et soir) pour vous promener avec vos enfants car les polluants se concentrent au niveau du sol.

air pur