La question agite les médias depuis plusieurs années déjà : existe-t-il une intolérance généralisée au gluten, non reconnue par les autorités médicales ? Le gluten contribue-t-il à la dégradation de la santé de nombreuses personnes qui l'ignorent ? Arrêter le gluten est-il un facteur santé bénéfique pour tous ?
La confusion vient du fait que nous cherchons une réponse simple à une situation complexe. Pour y voir clair, nous devons d'abord comprendre ce qui justifie les deux points de vue opposés. Nous pourrons ensuite, en nous appuyant sur des critères fiables, faire le meilleur choix pour nous-mêmes.

LE POINT DE VUE MÉDICAL

La consommation de blé ou de céréales apparentées contenant du gluten (orge, seigle) peut conduire à trois types de réactions néfastes dont les mécanismes sont bien connus : l'allergie aux protéines, la maladie cœliaque et l'intolérance aux FODMAPs. Cependant, certaines observations d'intolérance au gluten ne correspondent à aucun de ces mécanismes. On parle alors de sensibilité non cœliaque au gluten (NCGS). Ces situations sont rares. En dehors des intolérances reconnues, rien ne justifie l'éviction du gluten. Cette éviction préventive n'est pas recommandée, car elle peut nuire à l'équilibre général alimentaire.

QU'EST-CE QUE LE GLUTEN ?

Le gluten est le nom donné à la combinaison de deux protéines contenues dans certaines céréales (gluténines et prolamines) qui se forme lors du pétrissage et donne des propriétés mécaniques favorables à la panification [1]. Les prolamines ne peuvent pas être complètement digérées par un intestin humain et les résidus de cette maldigestion peuvent déclencher des phénomènes d'intolérance.

L'ALLERGIE AU BLÉ

L'allergie véritable déclenche des réactions immédiates pouvant être graves dès la présence de la moindre trace. Elle existe pour de nombreux aliments. Le blé n'y échappe pas. L'allergie au blé ne figure pas parmi les plus courantes et les protéines responsables de cette allergie ne sont généralement pas celles du gluten.

LA MALADIE CŒLIAQUE

La maladie cœliaque est une maladie auto-immune qui se manifeste chez certaines personnes prédisposées en présence de gluten. Lorsqu'elle est déclarée, de très faibles quantités déclenchent des effets indésirables, avec un délai de 1 à 2 jours. La maladie conduit à une profonde détérioration des intestins, avec des manifestations digestives et générales invalidantes. Elle se guérit totalement par une éviction complète et définitive des produits contenant du gluten, y compris à l'état de traces.

L'INTOLÉRANCE AUX FODMAPS

Les FODMAPs sont des composés glucidiques qui, lorsqu'ils sont mal digérés, ou non assimilés, provoquent des fermentations intestinales dans les heures qui suivent leur consommation. Il n'y a pas de menace grave sur la santé. Les désagréments peuvent cependant avoir des conséquences importantes sur la qualité de vie. L'effet est proportionnel à la quantité. Il suffit de réduire les apports jusqu'à la proportion adaptée à l'organisme pour faire cesser les nuisances.
Le blé et les céréales apparentées contiennent des FODMAPs (plus précisément des oligosaccharides de fructose : les fructanes) capables de provoquer ce type d'intolérance sur des intestins sensibles.

L'INTOLÉRANCE NON ALLERGIQUE ET NON CŒLIAQUE

Chez certaines personnes, des manifestations digestives et générales dérangeantes cessent à l'arrêt du gluten et reprennent lors de sa réintroduction. Les analyses montrent qu'il ne s'agit ni d'une allergie, ni d'une maladie cœliaque, ni d'une réactivité de type FODMAPs. Il en a été déduit l'existence probable d'un autre type d'intolérance au gluten appelé NCGS, pour "Non Coeliac Gluten Sensitivity", qui concernerait un nombre limité de personnes. Des tests en double aveugle comparant la tolérance au gluten à celle d'un placebo ont montré que seulement 20 % des personnes qui se croient intolérantes au gluten ont des signes spécifiques lors de sa consommation [2].

RECOMMANDATIONS NUTRITIONNELLES

L'éviction totale du blé est impérative en cas d'allergie et celle du gluten en cas de maladie cœliaque. Les personnes qui souffrent de troubles digestifs consécutifs à l'ingestion de céréales sont invitées à réduire les apports jusqu'à obtenir un confort acceptable. Enfin, lorsqu'une NCGS a été détectée et confirmée, il est recommandé de supprimer le gluten jusqu'à amélioration et d'observer si une réintroduction partielle est possible.
Dans tous les autres cas, il n'y a aucune raison justifiée d'arrêter les céréales contenant du gluten et il est même recommandé de les maintenir pour avoir une alimentation variée et équilibrée.

Type d'intolérance Composants responsables Délai de réaction Solution Fréquence estimée
Allergie Protéines du blé Immédiat Éviction totale < 1%
Cœliaque Gluten 1 à 2 jours Éviction totale 1 %
FODMAPs Fructanes (oligosaccharides) Quelques heures Diminution de la quantité Courante ?
NCGS Gluten Éviction totale ou diminution importante ? Rare ?

LE POINT DE VUE DE CERTAINES APPROCHES ALTERNATIVES

Certains nutritionnistes, les partisans du régime paléolithique, des journaux de santé alternative et les médias qui relatent l'expérience bénéfique de certaines personnalités invitent directement ou indirectement à adopter un régime sans gluten, sans attendre le diagnostic d'une intolérance, avec la promesse de grands bénéfices.
Cette démarche repose sur des observations qui valident l'inadaptation de la plupart des céréales, et particulièrement le blé moderne, à l'alimentation humaine.

DES ORGANISMES INADAPTÉS AUX CHANGEMENTS TROP RAPIDES

Le fondement biologique de l'évitement du gluten et du régime paléolithique* est l'observation de la lenteur de l'évolution génétique des organismes pour s'adapter durablement aux changements environnementaux. Ainsi, le passage de l'ère paléolithique (chasseur-cueilleur nomade) à l'aire néolithique (cultivateur éleveur sédentaire) s'est accompagné de deux révolutions nutritionnelles : les graines cultivées, principalement les céréales, et les laits animaux. L'équipement digestif humain n'était alors pas adapté à la digestion de nouvelles protéines jamais rencontrées auparavant : le gluten des céréales et les caséines des laits animaux. Il a donc dû apprendre à faire avec.
Depuis 12000 ans, soit plus de 400 générations humaines, une adaptation s'est progressivement effectuée, sans être à ce jour aboutie, puisque nos enzymes digestives ne savent pas encore dégrader complètement les glutens et les caséines animales.

DES CÉRÉALES "MUTÉES"

Depuis 10000 ans, nos organismes se sont malgré tout habitués aux céréales originelles, comme le petit épeautre ou le riz. La situation est différente vis-à-vis des céréales modernes, apparues récemment et fortement modifiées par une sélection organisée, pour améliorer leur rendement ou la qualité mécanique de leurs farines. Ainsi, les blés modernes ont une composition éloignée de leurs cousins d'origine et leur gluten est totalement inapproprié pour nos tubes digestifs qui ne savent pas le digérer.

NOCIVITÉ INTESTINALE DES BLÉS MODERNES

Le gluten des blés modernes laisse des résidus qui activent la maladie cœliaque chez certains sujets prédisposés. Des recherches ont montré qu'il exerce une action inflammatoire intestinale chez les autres personnes, ce qui altérerait la santé digestive, augmenterait le risque d'atrophie intestinale* et selon les faiblesses de terrain de chacun, favoriserait le développement de diverses maladies chroniques.

UNE ÉVICTION NÉCESSAIRE

Face à la nocivité potentielle des blés modernes, y compris en l'absence d'intolérance diagnostiquée, certains auteurs n'hésitent pas à clamer que la consommation de blé est inadaptée à nos besoins et néfaste pour tous les organismes. Ils préconisent alors une éviction pour tous, comme un facteur essentiel de santé.
Les livres de recettes sans gluten fleurissent et l'alimentation sans gluten a de plus en plus d'adeptes.

SYNTHÈSE INTÉGRATIVE : CONSOMMER OU NON DES PRODUITS CONTENANT DU GLUTEN ?

Peut-on consommer du gluten en toute sécurité en dehors d'une intolérance établie et diagnostiquée ? La question se heurte à un manque de certitudes sur les effets à long terme de cette consommation. Elle doit aussi composer avec des arguments contradictoires qui ont tous un fondement. Elle se complique encore davantage par une réalité économique : la place actuelle du blé dans l'offre alimentaire mondiale rend inconcevable sa remise en cause généralisée. L'éviction du gluten par tous est tout simplement irréaliste. Elle ne peut en aucun cas être cautionnée par un pouvoir politique responsable, indépendamment des risques sur la santé à long terme. Alors comment faire ?

OBSERVER SUR SOI-MÊME AU LIEU DE GÉNÉRALISER

Que se passe-t-il en nous lorsque nous arrêtons de consommer des produits à base de farine de blé ? Pour une observation efficace, l'idéal serait de commencer par une évaluation chiffrée (0 à 10) de l'état de diverses fonctions : confort digestif, énergie, qualité réparatrice du sommeil, aspect de la peau, douleurs, etc. Puis, cesser toute consommation de blé pendant 3 semaines et refaire la même autoévaluation chiffrée. Et enfin, reprendre cette consommation progressivement et observer ce qui se passe. Une telle expérience ne permet pas de différencier les effets biologiques et psychologiques, elle donne cependant une idée claire et fiable de l'amélioration que nous pouvons obtenir.

NE PAS CONFONDRE LA MALADIE CŒLIAQUE AVEC UNE INTOLÉRANCE NON CŒLIAQUE

Lorsqu'une amélioration importante est constatée en arrêtant le gluten, il convient dans un premier temps de vérifier s'il s'agit ou non d'une maladie cœliaque, par un bilan médical. Si ce n'est pas le cas, l'éviction de toute trace n'est a priori pas une nécessité. Il y a un niveau de tolérance individuelle propre à chacun, que nous devons trouver.
Si nous croyons que l'éviction totale est nécessaire, du fait de la forte influence psychique sur les manifestations d'intolérance, toute trace deviendra probablement insupportable. Nos réactions donneront alors raison à notre choix, alors qu'il n'est qu'une contrainte que nous nous sommes nous-mêmes imposée ! Le maintien d'une consommation minimale ou épisodique nous permet de préserver une vie sociale, qui est un facteur de santé à part entière. Il est important de la préserver tant que cela est possible.

LE CHOIX DIFFICILE ENTRE IDÉAL DE NATURE ET BESOIN DE CULTURE

Il est clair, d'un point de vue de biologique, qu'une alimentation sans blés modernes respecte mieux nos organismes. Il y a beaucoup d'autres aspects de la modernité dont l'évitement serait bénéfique : pollution atmosphérique, pollution électromagnétique, pesticides, additifs alimentaires, saturation d'informations, etc. Va-t-on pour autant fuir le monde actuel et aller vivre dans une jungle sauvage ? Le monde change, les changements affectent nos organismes et les organismes évoluent pour s'adapter. La vie a toujours été ainsi.
Un choix totalement nature nous couperait de la vie sociale. Un choix totalement culture mettrait nos organismes en danger en les éloignant trop de leurs besoins. Comment choisir la juste position qui nous convient ? Pouvons-nous à la fois ménager nos organismes et nous épanouir dans ce monde ? Cela nous demande d'accepter que nous sommes des êtres adaptatifs et que vivre sous une pression demandant de s'adapter est physiologique, tant que nous respectons la globalité de nos besoins naturels.

UNE DÉMARCHE SANTÉ LIBRE ET ÉCLAIRÉE

Nous savons que les blés modernes n'ont pas une bonne qualité nutritionnelle et nous savons aussi qu'ils ne sont pas une grave menace. Quelle place souhaitons-nous leur accorder ? Selon les constats que nous faisons sur nous-mêmes et le niveau d'investissement santé à long terme que nous souhaitons, nous pouvons, si nous le souhaitons, réduire la quantité de gluten et changer la qualité des produits en préférant des blés anciens dont les effets sont a priori moins néfastes. Ce choix de qualité naturelle nous permet aussi de soutenir des circuits économiques différents (biologiques, locaux).
L'important est que le choix que nous adoptons soit le nôtre, et non celui de quelqu'un qui pense notre bien sur des arguments partisans, alors que nous savons désormais qu'il n'y a en ce domaine aucune certitude.

COMMENT SOUTENIR LA RÉGÉNÉRATION DE LA MUQUEUSE INTESTINALE ?

L'une des conséquences probables de la consommation de gluten est l'inflammation digestive qui détériore progressivement la muqueuse intestinale, cette fine paroi qui règle les échanges entre le tube digestif et la circulation sanguine.
La conséquence de cette détérioration est l'atrophie intestinale, une faiblesse de cette muqueuse qui perturbe sa fonction de barrière sélective, ce qui favorise certaines maladies chroniques. Consommer moins de gluten issu des blés modernes est donc une démarche de prévention. Diminuer ainsi l'inflammation favorise la régénération naturelle de cette muqueuse. Cette régénération peut être soutenue au début de la démarche par une complémentation adaptée.

LES FACTEURS QUI SOUTIENNENT LA RÉGÉNÉRATION INTESTINALE

Une muqueuse intestinale se régénère plus facilement si elle est protégée contre l'inflammation et l'oxydation, si elle dispose des nutriments spécifiques dont elle a besoin et si elle est au contact d'une flore bénéfique.

SYNERTROPHIC, UNE RÉPONSE OPTIMALE

Synertrophic a été conçu pour créer des conditions favorables à la régénération de la muqueuse intestinale, en apportant :
• De la glutamine, carburant indispensable des cellules de cette muqueuse, en quantité suffisante (3 grammes).
• Les principaux nutriments qui soutiennent cette régénération : zinc, vitamine B9, vitamine B3.
• Une protection vis-à-vis de l'inflammation et de l'oxydation avec le curcuma et l'AFA phycocyanine (pigment de l'algue AFA Klamath).
• Un soutien au développement d'une flore digestive favorable avec un prébiotique (Fibregum) et un antiseptique polyvalent (extrait de pépins de pamplemousse).
La posologie conseillée est d'1 sachet par jour, 20 jours par mois, pendant au moins 3 mois. Une cure de 6 mois permet a priori les meilleures conditions de régénération durable.
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LEXIQUE
ATROPHIE INTESTINALE
défaut de renouvellement de la muqueuse intestinale qui ne peut plus remplir pleinement sa fonction. Elle peine ainsi à assimiler des nutriments précieux comme le fer ou le magnésium (malabsorption) et laisse passer des grosses molécules qui ne devraient normalement pas aller dans le sang (hyperperméabilité).
FODMAPS
glucides qui dans certaines conditions ne sont ni dégradés ni assimilés et filent tout droit dans le côlon où ils activent un processus de fermentation responsable de désagréments digestifs. L'acronyme FODMAPs reprend les initiales des glucides concernés : Fermentescibles Oligosaccharides, Disaccharides, Monosachhardides And Polyols.
RÉGIME PALÉOLITHIQUE
mode alimentaire qui préconise un retour à l'alimentation ancestrale, quand les humains étaient chasseurs-cueilleurs, en s'appuyant sur le fait que les gènes se sont façonnés sur une très longue période dans cet environnement, alors qu'ils n'ont pas eu le temps d'intégrer les changements liés à la sédentarisation (culture, élevage) qui ne date que de 10000 ans.