La génétique permet de connaître le potentiel d’un être vivant, c’est-à-dire les programmes dont il dispose pour construire sa structure et mettre en place ses processus de fonctionnement. Il s’agit bien d’un potentiel, permettant à un caractère d’être disponible ou non. Cela ne dit pas si la fonction liée à ce caractère sera utilisée, ni comment elle le sera. C’est à ce niveau qu’intervient l’épigénétique, en montrant que selon le contexte environnant et le mode de vie choisi, les gènes fonctionnent différemment, et certains potentiels sont plus ou moins bien exprimés. Il existe ainsi des interrupteurs on/off qui ne se déclenchent qu’en présence de certaines stimulations. En l’absence de ces situations déclenchantes, nous ne pouvons bénéficier de certaines facultés, alors qu’elles sont présentes dans notre patrimoine. Ce phénomène nous explique à quel point les habitudes de vie influencent notre santé et notre bien-être. La bonne nouvelle est que les facteurs déterminants sont à portée de main, demandent peu d’effort, et le plus souvent ne coûtent rien. Nous faisons ici une brève revue de cinq clés majeures qui nous ouvrent le chemin d’une meilleure santé durable. Derrière leur banalité apparente se cache un vrai trésor, à portée de main, que nous négligeons par ignorance ou manque de conviction. Ce début d’année est l’occasion d’en prendre vraiment conscience, afin de mettre en œuvre au plus vite ce qui nous est favorable.

L’ALIMENTATION, SIMPLICITÉ ET BON SENS

Le rôle majeur de l’alimentation sur la santé est aujourd'hui bien connu. Certains facteurs sont mis en avant par les campagnes d’information : moins de sucre, moins de gras, plus de fruits et légumes. Le lien entre nutrition et santé ne se résume pas à de simples recommandations. Il est complexe par la multiplicité des facteurs en jeu : apport énergétique, apport de nutriments, modulation des gènes, et risque d’intolérances. Il n’est cependant pas nécessaire de comprendre et connaître toute la complexité des processus biologiques pour choisir ce qui nous est favorable. L’observation de la logique du vivant et l’application du bon sens permettent des choix simples, dont les bénéfices sont régulièrement confirmés par des expérimentations scientifiques.

LES QUATRE TYPES DE PROPRIÉTÉS DES ALIMENTS

1) La fourniture d’énergie, sous forme de calories. C’est un apport quantitatif. Dans les pays occidentaux, il est rare d’en manquer. Le problème serait plutôt dans l’excès ! 2) La fourniture de nutriments qui interviennent dans la structure du corps et les fonctions biologiques : acides aminés, vitamines, minéraux, antioxydants… C’est un apport à la fois qualitatif et quantitatif. Nous avons besoin d’une quantité suffisante de chacun des éléments nécessaires au processus vivant. 3) La modulation sur l’expression des gènes. 4) Le déclenchement possible de réactions d’intolérances, allergiques ou autres. C’est l’ensemble de toutes ces propriétés qui détermine l’effet global de l’alimentation sur la santé.

LE RÔLE ÉPIGÉNÉTIQUE DE L’ALIMENTATION

La prise en compte des seuls besoins en énergie et nutriments conduit à nourrir un organisme comme on remplit un réservoir. Cela a conduit à une alimentation industrielle et pourrait aller jusqu’à la consommation des produits entièrement artificiels. La prise en compte du rôle des aliments sur la modulation des gènes apporte un regard nouveau. Les nutriments jouent certes un rôle majeur. L’ensemble d’un aliment, avec ses spécificités et ses proportions, intervient également. Les techniques modernes d’étude du fonctionnement des gènes ont montré que la qualité des aliments a un impact sur le fonctionnement des processus biologiques. Une alimentation optimisée permet ainsi de mieux exploiter notre potentiel au service de notre santé.

LA SCIENCE DE L’ÉVOLUTION NOUS EXPLIQUE LE PROBLÈME

Les espèces vivantes s’adaptent à leur milieu. Elles mettent en place des processus qui dépendent des échanges avec cet environnement. Ainsi, le programme biologique de chaque espèce s’est progressivement modulé en fonction des aliments disponibles. L’être humain a construit son modèle biologique pendant des centaines de milliers d’années avec un régime de chasseur-cueilleur, que l’on appelle couramment « régime paléolithique ». Les organismes s’adaptent progressivement depuis 10 000 ans au nouveau cadre apparu avec la sédentarisation. En revanche, les derniers changements survenus au cours du XXe siècle s’éloignent trop des besoins naturels, avec des conséquences sur les apports qualitatifs en nutriments, sur les aspects épigénétiques, et sur les intolérances alimentaires. Les organismes nourris uniquement avec les produits modernes perdent une partie de leur potentiel, ce qui affecte la qualité du vieillissement et augmente la fréquence des maladies chroniques.

FINALEMENT, QUELLE ALIMENTATION OPTIMALE ?

L’alimentation santé pourrait se résumer à un principe : trouver dans l’offre actuellement disponible les aliments qui sont restés les plus proches de ceux qui étaient naturellement présents dans l’environnement de nos ancêtres. Il ne s’agit pas de ne manger que des produits crus et d’origine sauvage ! Il s’agit simplement de s’approvisionner en produits de base aussi naturels que possible, de les préparer soi-même, et d’apprendre respecter quelques équilibres qui existaient depuis longtemps. Ces équilibres ne sont pas respectés par l’offre agroalimentaire industrielle actuelle. Ils se résument en quelques règles simples.

L’ACTIVITÉ PHYSIQUE, MIEUX COMPRENDRE SON IMPORTANCE

L’observation des conséquences catastrophiques de la sédentarité sur la santé a permis de prendre conscience de l’importance de l’activité physique. Divers mécanismes expliquent cela. Le mécanisme épigénétique est le plus pertinent et ne laisse aucun doute sur la nécessité de bouger. Les organismes humains ont toujours été en mouvement et les effets de cette dynamique corporelle sont intégrés dans le bon fonctionnement de certains gènes. En cas de déficit de mouvement, une partie de notre potentiel ne peut plus être exploitée.

LE MOUVEMENT, OMNIPRÉSENT DANS L’HISTOIRE DE L’HUMANITÉ

Nos ancêtres chasseurs-cueilleurs devaient beaucoup marcher et courir. Nos ancêtres cultivateurs devaient travailler durement pour se nourrir. Et jusqu’à récemment, la grande majorité des activités humaines demandaient des efforts physiques. Il est donc clair que toute l’histoire de l’humanité s’est déroulée dans un contexte de mouvement. L’activité physique fait partie du cadre dans lequel se sont construits nos mécanismes biologiques. De ce fait, ceux-ci ont besoin du mouvement pour exprimer tout leur potentiel.

LA SÉDENTARITÉ : UN PHÉNOMÈNE RÉCENT QUI S’EST INSTALLÉ RAPIDEMENT

Les causes de la sédentarité sont nombreuses : l’utilisation d’engins motorisés pour se déplacer, le recours aux machines pour travailler à notre place, le développement d’un secteur économique tertiaire qui se déroule essentiellement dans des bureaux. Aujourd'hui, les mouvement liés à nos activités ordinaires sont devenus limités. C’est le sport qui a pris le relais. Mais en devenant un choix volontaire à la place d’une nécessité, l’activité physique est très inégalement pratiquée, et cela pénalise la santé de ceux qui n’en pratiquent pas.

UN NIVEAU ÉLEVÉ DE PREUVE

L’épigénétique nous explique que l’activité physique, qui a toujours été présente, fait partie des conditions nécessaires à la meilleure utilisation de nos gènes. Les preuves de cette nécessité sont arrivées par de multiples études qui montrent les bénéfices santé d’une population pratiquant une activité régulière, comparée à une population sédentaire. Les effets sont significatifs sur la plupart des maladies chroniques, faisant de la sédentarité l’un des pires facteurs de dégradation de la santé.

QUELLE ACTIVITÉ POUR UN BÉNÉFICE SANTÉ ?

Le minimum reconnu par la synthèse des études existantes est de 30 minutes pleinement actives en moyenne par jour. C’est peu, et c’est suffisant pour préserver son capital santé. Cela peut-être une activité sportive en club, des séances en salle de sport, de la marche, des escaliers montés régulièrement, du vélo, du jardinage, du ménage… Ce n’est pas uniquement l’activité choisie en tant pratique de sport qui compte, mais bien toutes les activités, et notamment celles qui s’intègrent dans notre quotidien ordinaire : déplacement à pied ou à vélo, jardinage, ménage, monter des escaliers… L’important est de toujours privilégier ce qui met le corps en mouvement, et de se lever régulièrement pour au minimum marcher lorsque nous avons une occupation sédentaire. Dans tous les cas, faire au mieux et éviter de se culpabiliser de ne pas en faire assez, ce qui ajouterait d’inutiles tensions !

PRENDRE RÉGULIÈREMENT DU PLAISIR

Rechercher du plaisir semble une orientation évidente de toute vie humaine. Il y a cependant un tabou bien ancré dans notre inconscient collectif, sans doute hérité de certaines religions, qui met de la culpabilité à jouir de notre existence. Il y a aussi le regard de sagesses traditionnelles qui nous expliquent que la quête de plaisir immédiat est un piège qui au final nuit à notre bien-être durable… Et nous savons désormais que prendre du plaisir a des effets favorables sur les mécanismes épigénétiques ! Alors comment concilier tout cela ?

UNE CULPABILITÉ PARFOIS HANDICAPANTE

Une expression populaire dit qu’il n’y a pas de mal à se faire plaisir, ce qui sous-entend bien qu’il pourrait y en avoir, et que nous devons sortir de ce doute. Seulement, quand une valeur met le doute dans l’inconscient, la simple volonté permet de faire malgré ce doute, mais n’enlève pas son influence, qui peut alors se manifester par un sentiment de culpabilité. Pour nous aider à nous libérer cette « mauvaise conscience », si nous la ressentons, il est aidant de voir qu’elle nous vient d’interprétations contestables de textes religieux. Prendre du plaisir sur cette terre nous éloignerait du chemin qui nous conduit au bonheur éternel du ciel. C’est un point de vue, rien de plus. À qui profite-t-il ? Qui peut prouver que cela est vrai ? Sortir de cette culpabilité permet de prendre réellement du plaisir dans l’existence.

LA VOIE SANS ISSUE DE LA QUÊTE DU PLAISIR

Les sagesses orientales nous ont mis en garde contre le piège de la recherche de plaisir, qui est une quête sans fin, et devient une addiction. Derrière le plaisir apparaît la douleur ou le manque, qui nous conduit à rechercher à nouveau les sensations plaisantes, par nécessité. Le résultat est une existence ni libre ni vraiment heureuse. Il y a quelque chose d’autre dans la nature humaine qui a besoin d’être nourri, et que la quête de plaisir immédiat ne comble pas. Prendre conscience de cette réalité évite de s’enfermer dans le piège.

PRENDRE DU PLAISIR EST DIFFÉRENT DE LA RECHERCHER À TOUT PRIX

Rechercher systématiquement le plaisir nous plonge dans cette quête sans fin qui nous rend dépendant, avec le risque de souffrir en cas de manque. Prendre du plaisir est différent. Ce n’est plus un objectif qui nous contraint, c’est un mode de vie qui nous accompagne, en laissant tout l’espace pour cultiver nos propres valeurs. Cela nous conduit notamment à choisir consciemment des activités plaisantes et à se nourrir de mets que nous apprécions. Nous pouvons aussi accroître notre capacité à jouir de la vie en appréciant davantage ce qui est là, plutôt que focaliser notre attention sur ce qui manque.

LE PLAISIR EST UN INGRÉDIENT MAJEUR DE LA VIE

Le bien-être, largement nourri par le plaisir que nous prenons, est un sentiment dont le rôle est probablement de nous guider vers ce qui est favorable à la vie. Selon Antonio Damasio [4], la recherche de ce sentiment de bien-être est une référence de stabilité vers laquelle nous sommes attirés pour perpétuer notre existence, comme l’homéostasie permet aux processus biologiques de se maintenir dans les limites compatibles avec la vie. Il est donc essentiel, pour notre santé, de prendre conscience de l’importance du plaisir, et mettre en œuvre ce qui peut l’être pour en mettre davantage dans notre quotidien.

SE DÉTENDRE LE CORPS ET L’ESPRIT

Le stress est devenu un fléau des sociétés modernes. Paradoxalement, le monde de progrès technologique qui devrait nous apporter davantage de temps et de bien-être nous plonge souvent dans une course sans fin, qui nous met en état de tension. Cet état de stress à des effets délétères sur la santé. Certaines conséquences biologiques expliquent en partie cela. L’épigénétique souligne un autre aspect : l’état de détente est favorable à une expression optimale de nos gènes. Faire le nécessaire pour être détendu ou savoir se détendre quand la tension nous gagne devrait donc être une autre priorité dans une démarche de santé optimale.

IL N’Y A PAS DE BON STRESS, IL Y A DES ADAPTATIONS EFFICACES OU NON.

L’idée de bon stress ou de mauvais stress est une interprétation dangereuse. En réalité, il y a un processus d’adaptation qui nous permet de faire face aux imprévus et aux changements. Cela nous met en mode surmenage le temps de résoudre le problème, et nous retrouvons le calme ensuite. Le stress apparaît lorsque nous ne trouvons pas la solution et que nous restons trop longtemps en état de surmenage, parfois en permanence. C’est alors que s’installe un état de tension durable qui nuit fortement à notre santé.

SOLUTION DURABLE : SAVOIR CHOISIR CE QUI DÉPEND DE NOUS

Beaucoup d’états de stress sont liés à des situations qui nous mettent en difficulté et pour lesquelles nous n’avons pas de solution durable. Parfois nous ne pouvons rien faire et c’est alors l’acceptation qui nous est le plus utile. Parfois, nous pouvons changer quelque chose en faisant un choix. C’est généralement un choix difficile et inconfortable, c’est d’ailleurs pour cela que nous ne l’avons pas entrepris. Il peut cependant se révéler salutaire. Il est intéressant se faire accompagner, si besoin, pour l’envisager et le mettre en œuvre.

SOLUTION IMMÉDIATE : SAVOIR UTILISER LES TECHNIQUES DE DÉTENTES

Quand un problème ne trouve pas de solutions, si nous ne faisons rien, nous restons tendus, à alimenter une recherche vaine. Cela est inutile. C’est comme un bug qui met en boucle un programme inefficace et nuisible. En attendant une solution durable, nous pouvons utiliser les techniques de détente. Relaxation, sophrologie, Yoga, Qi Gong… permettent de nous reconnecter à notre corps et de favoriser son relâchement. La méditation pleine conscience (Mindfulness) ou l’EFT (Emotional Freedom Technique) sont des techniques faciles à apprendre et que nous pouvons ensuite pratiquer à volonté, pour nous détendre l’esprit.

ÊTRE INTÉGRÉ DANS UN RÉSEAU RELATIONNEL

Après deux clefs qui concernent le corps, deux suivantes qui concernent l’esprit, la troisième est sociale, ce qui nous confirme que la santé globale est bio-psycho-sociale, et qu’elle peut être cultivée dans les trois domaines. L’étude des divers aspects de la condition humaine montre sans équivoque notre forte dimension sociale, c'est-à-dire la nécessité de vivre en communauté. Sauf cas extrême, tous les humains vivent en relation avec le monde, et donc avec d’autres humains. Avoir des relations ne suffit pas. C’est une intégration qui nous implique dans le réseau relationnel, ainsi que les manifestations des autres à notre égard, qui ont un effet bénéfique.

LA FAMILLE

Son importance varie selon les traditions. Elle est cependant, dans toutes les communautés humaines, un socle indispensable, apportant une solidarité aux besoins de chacun. Elle peut nourrir plus ou moins bien nos besoins relationnels. Elle peut aussi être source de problèmes. Il est préférable qu’elle ne soit pas notre seule communauté de proximité.

LES COMMUNAUTÉS D’AFFINITÉ

Les communautés d’affinité sont nos amis, les groupes dans lesquels nous partageons une activité de loisirs ou une action sociale. Elles sont précieuses parce que nous les choisissons, et que nous y développons des échanges en phase avec nos goûts et nos valeurs. Il dépend parfois de nous de faire un pas pour intégrer un groupe.

LA COMMUNAUTÉ SOCIALE

Dans une société idéale, les relations entre les personnes seraient spontanément orientées vers l’ouverture et la coopération, et cela nourrirait aussi notre besoin de réseau relationnel. La logique économique du monde moderne, qui voit en chaque individu un consommateur, a favorisé l’isolement, favorable à l’augmentation de la consommation individuelle. Nous ne pouvons pas grand-chose face à cela. En revanche, nous pouvons toujours faire un peu plus pour établir davantage de contacts avec les personnes que nous croisons. Cela est bénéfique autant pour elles que pour nous.