Evolution : le bénéfice des menstruations pour l'espèce humaine 1

Pourquoi se fatiguer à développer l'endomètre tous les mois et à le jeter sans façon à la poubelle, avec le coût que cela suppose ?

Il est probable que dans les temps préhistoriques (et même à une époque pas si éloignée que cela), le coût des menstruations mensuelles n’était pas si élevé car les femmes enchainaient les grossesses, et allaitaient leur bébé, période pendant laquelle elles n’avaient pas de règles jusqu'à ce que les cycles reprennent et qu'une nouvelle grossesse soit mise en route. Les menstruations, qui sont aujourd'hui pour les femmes un phénomène peu agréable, n'étaient probablement à l'origine qu'un événement assez rare finalement !

Du fait de ce coût finalement très relatif, les mécanismes responsables des menstruations, se sont imposés car ils présentent un réel avantage pour l’espèce humaine comme l’expliquent différents auteursii. La partie superficielle de l’endomètre, qui tapisse l’utérus subit en réalité une transformation spontanée à chaque cycle qu’il y ait grossesse ou pas. Cette transformation serait nécessaire pour

  • permettre à l’organisme maternel d’évaluer la qualité de l’embryon et d’éliminer les embryons porteurs d’anomalies génétiques avant qu’il ne s’implante vraiment.

  • empêcher l’invasion excessive du tissu maternel par l’embryon, véritable prédateur des ressources maternelles pour son propre développement.

En conclusion, accueillir un bébé en bonne santé tout en préservant la sienne pour des grossesses futures est réellement avantageux pour assurer sa descendance si on le compare à quelques pertes mensuelles.

LE PARADOXE DU FER : Des pertes faibles mais des besoins importants

Nos besoins en fer sont estimés à 9mg par jour chez l’homme et 16mg par jour chez la femme du fait des pertes menstruelles. Mais nos besoins réels sont seulement de 1 à 2mg par jour correspondant aux pertes qui partent avec l’élimination des cellules mortes de la peau ou des intestins auxquelles s’ajoutent, pour les femmes, les pertes liées aux règles. Ainsi, dans notre organisme le fer est recyclé à grande échelle puisque notre organisme en contient 5g! Si les besoins sont aussi élevés alors que les pertes sont faibles, c’est parce que seulement 10% du fer ingéré dans l’alimentation est absorbé. En effet, l’absorption de fer est strictement contrôlée car d’une part, un excès de fer oxyde l’organisme (les cellules et les tissus vieillissent plus vite) et d’autre part les bactéries l’apprécient beaucoup. Le fer en excès peut donc favoriser les infections.

Sans fer, pas d’énergie !  Le rôle majeur du fer est de participer à la fabrication des globules rouges pour transporter l’oxygène vers tous les tissus et organes du corps dans le but de produire de l’énergie appelé ATP. Ceci explique les symptômes du manque de fer qui peuvent être regroupés en 3 catégories :

  • Des signes généraux : fatigue, faiblesse, difficultés à respirer, cœur qui bat vite appelé tachycardie, maux de tête, vertiges

  • Des signes neurologiques : difficultés à se concentrer, à mémoriser, troubles de l’humeur, syndrome des jambes sans repos.

  • Des signes dermatologiques : peau sèche, perte de cheveux, ongles déformés

Pour évaluer les réserves en fer, il existe un marqueur très fiable (sauf en présence d’une inflammation ou d’une maladie inflammatoire) qui est la ferritine. En-dessous de 15µg/l, les réserves sont totalement épuisées. Il est donc préférable de ne pas attendre d’en arriver là car au-delà va se développer une anémie (diminution de la fabrication des globules rouges) aggravant les symptômes.

FER ET ALIMENTATION :

Dans l’alimentation, on trouve du fer aussi bien dans les produits végétaux que dans les produits animaux. 5% du fer d’origine végétale est absorbé contre 20-25% du fer d’origine animal. En effet, l’absorption du fer est diminuée d’environ 40% par les fibres, les tannins du café ou du thé mais aussi le calcium. Malgré la richesse des végétaux en fer, du fait d’une absorption moindre, les végétariens ont des réserves en fer plus basses que les omnivores (Etude Esteban 2014-2016 rapport déc. 2019).

Aliments

Teneur en fer en mg

Aliments

Teneur en fer en mg

Mollusques (clovisses, moules, coques)

20-26

Oléagineux (noix, noisettes, amandes…)

4.5

Boudin

20

Fruits secs

3-4

Foie de porc

13

Epinards

4

Cacao en poudre

12

Viandes

3

Foie de bœuf et d’agneau

10

Persil

3

rognons

5-10

Chocolat

2.8

Légumes secs (fèves, haricots secs, lentilles, pois)

6-9

Pain complet

2.2

Jaune d’œuf

6

Volailles, gibiers, jambon

2

Huitres

5.5

Poissons, crustacés

0.5-2

Foie de veau

5

Vin

0.6-1.2

D’après Ph. Dorosz Vitamines, sels minéraux, oligo-éléments. les MEDImini ed. Maloine

En cas de déficit en fer, il est préférable de prendre le thé ou le café à distance des repas et d’associer des aliments riches en vitamines C au cours ou à la fin du repas pour améliorer l’absorption du fer: fruits (goyave, kiwi, agrumes, fraises, mangues…), légumes (crucifères, persil, cresson, estragon, raifort, épinards, radis, mâche….)

FER ET EMOTIONS :

Tristesse, déprime, difficultés de concentration ? Et si l’on vérifiait d’abord les réserves en fer ?

Le fer est indispensable à la fabrication par notre cerveau de substances appelées neuromédiateurs et en particulier

  • La dopamine qui nous donne la motivation à faire les choses, l’envie d’avoir envie comme disait Johnny Halliday et le plaisir d’être récompensé. Autant dire le moteur de notre vie ! Vous pouvez en voir une illustration dans les video d’ARTE sur l’utilisation de ce circuit de la récompense par les GAFA : https://www.arte.tv/fr/videos/085801-002-A/dopamine-2-8/

  • La sérotonine qui nous aide à canaliser nos émotions en particulier de peur et d’anxiété ainsi que nos comportements compulsifs. Elle est nécessaire aussi à la qualité de notre sommeil pour favoriser la récupération. C’est notre frein, notre régulateur.

i D’après un article paru dans Science et vie le 05/07/2017 par Coraline Loiseau

ii Gijs Teklenburg and al. (2010) PLOSone April 2010 ; Vol. 5 (4) et D. Emera and al. (2011) Bioessays 34: 26–35.

femme meditation

Notre cerveau est aussi un grand consommateur d’énergie, puisqu’il consomme 20% de nos dépenses énergétiques. Une déficience en fer a donc un impact majeur sur notre fonctionnement émotionnel et nos mécanismes de pensées.

FER ET SPORT : Plus de fer = plus de myoglobine = plus de résistance à l’effort prolongé !

Dans les muscles y compris le muscle cardiaque, le fer se trouve dans la myoglobine qui est l’équivalent de l’hémoglobine qui lui transfère l’oxygène dans la cellule musculaire pour la production d’énergie. Plus il y a de myoglobine dans les cellules musculaires, plus le mammifère est capable de retenir sa respiration dans l’eau ! Ainsi, les muscles des cétacés contiennent 6 fois plus de myoglobine que les muscles de l’hommei !

i S. R. Noren et T. M. Williams, Comparative Biochemistry and Physiology Part A: Molecular & Integrative Physiology, vol. 126, no 2,‎ juin 2000, p. 181-191

orque

C’est la myoglobine qui donne la couleur rouge à la viande. Elle est plus riche en fibres musculaires fines destinées à fonctionner en continu sur des périodes sans repos comme le muscle cardiaque.

La couleur de la viande des volailles et des poissons est pâle, car pauvre en myoglobine donc pauvre en fer. La viande blanche est généralement plus riche en fibres musculaires épaisses destinées à fonctionner de manière intense sur une période de temps plus limitée (comme les muscles pectoraux des oiseaux, par exemple le blanc de poulet).