Une augmentation de 38% des allergies en 20 ans qui ne cesse de s'accroître. Pourquoi ?

L’allergie est une réaction excessive du système immunitaire à une substance inoffensive pour l’homme qu’on appelle allergène (pollens, aliments, microorganismes…). Celui-ci entre dans l’organisme par la peau, les voies respiratoires ou les voies digestives. Il y rencontre les cellules de notre système immunitaire qui choisissent une réponse de défense et de rejet plutôt qu’une réponse de tolérance

bactéries

On sait aujourd’hui que l’apprentissage de la tolérance passe par des rencontres :

des rencontres avec des aliments et des microorganismes (bactéries, virus, levures, parasites) qui doivent s’effectuer tôt dans la vie. En effet, le nourrisson naît avec un système immunitaire immature qui mettra 2 ans pour devenir fonctionnel et efficace. Il nait avec les éléments nécessaires à son fonctionnement mais il lui manque le mode d’emploi !

Il va donc apprendre les premières années de vie à se défendre contre les ennemis et à tolérer les amis. Et, pour cela, il doit multiplier les rencontres et donc les expériences. Ce mécanisme est porté par ce que l'on appelle « la théorie hygiéniste ». 

Un exemple d'aide à l'acquisition de la tolérance grâce à de petits parasites de la famille des helminthes. Une étude a montré que ces derniers, présents dans notre intestin, fabriquent une "toxine" qui vient se fixer sur des cellules immunitaires (mastocytes) à la place des anticorps IgE. Ils empêchent ainsi la libération d'histamine responsable de la réaction allergique (Melendez 2015). On peut en conclure que vermifuger ses enfants préventivement n'est probablement pas une très bonne pratique!

Voilà pourquoi, aujourd’hui, les recommandations pour la prévention des allergies sont de côtoyer des animaux dès le plus jeune âge (protection de la vie à la ferme par rapport à la vie urbaine), de ne pas désinfecter sans cesse ni son lieu de vie, ni sa peau, ni son alimentation (pasteurisation, stérilisation) et de diversifier son alimentation dès 6 mois et dans tous les cas avant un an y compris et surtout pour les aliments les plus allergisants : lait, poisson, œufs.

Vous trouverez des informations détaillées et actualisées sur les allergies sur le site réalisé par les Dr Etienne Bidat et Fabienne Rancé https://www.allergienet.com/

Aux origines de l'homme, une étroite collaboration

Depuis toujours, l’homme, comme toute espèce animale, évolue en étroite collaboration (symbiose) avec les microorganismes (bactéries, virus, levures, parasites). Ainsi, l’ensemble de nos muqueuses (digestives, respiratoires, génitales) ainsi que notre peau sont couvertes de flores microbiennes ou microbiotes qui participent au bon fonctionnement de notre système immunitaire. 

Ces petites bêtes ont trouvé un lieu propice à leur développement et en échange, elles nous protègent contre d’autres potentiellement néfastes (infections) et nous aident à réguler notre système immunitaire et donc à contrôler les allergies. Les détruire, c’est nous détruire ! Alors entretenons-les !

Plusieurs possibilités s’offrent à nous, parmi lesquelles nourrir cette microflore par des prébiotiques (fibres). Pour tester leur efficacité, une équipe de l’INSERM[i] a nourri des souris en gestation puis en phase d’allaitement avec des fibres (galacto-oligosaccharides et inuline) dont certaines se trouvent naturellement dans le lait maternel. Trois semaines après le sevrage, les souriceaux ont été exposés à des protéines de blé potentiellement allergisantes. Les chercheurs ont alors constaté que les souriceaux nés de mères qui avaient reçu les prébiotiques réagissaient beaucoup moins que les autres aux allergènes. "L’ajout de prébiotiques a donc considérablement réduit la sévérité des allergies", résume Antoine Magnan. Une étude équivalente est en cours de finalisation chez des femmes ayant des antécédents personnels ou familiaux d’allergie et donc à risque de transmission à leurs enfants.

Les fibres se trouvent dans les végétaux : fruits, légumes, légumes secs et graines oléagineuses.

Le sommeil et l'allergie ne font pas bon ménage

sommeil

Les symptômes classiques de la rhinite allergique sont l’obstruction nasale (nez bouché), les éternuements, les démangeaisons nasales. Mais il en est un tout aussi important les troubles du sommeil responsables d’une somnolence pendant la journée. Celle-ci conduit à une altération des performances, des difficultés d'apprentissage, des modifications de l'humeur, et chez l'enfant, des troubles du comportement.

Dans une étude datant de 2007, 42% des sujets qui présentaient une rhinite allergique avaient des difficultés d'endormissement contre 18% des témoins, 43% avaient des réveils nocturnes contre 20% des contrôles, 63% se sentaient encore fatigués le matin au réveil contre 25% des témoins, et enfin ils étaient davantage sujets aux ronflements et aux apnées. Ces troubles étaient d'autant plus importants que la rhinite allergique était évaluée comme sévère. Ceci a été confirmée dans une étude récente (Daboussi 2018), portant sur 50 patients jeunes des 2 sexes (moyenne d’âge 22 ans) atteints de rhinite allergique. 10% des sujets avaient un score d’alerte sévère et 28% souffraient de réels troubles du sommeil. Ces troubles étaient le résultat d'une augmentation de la fragmentation du sommeil avec une altération de son architecture et une augmentation des apnées du sommeil (Blumen 2006).

On a longtemps mis ces perturbations du sommeil sur le seul compte de l’obstruction nasale. En réalité, l’obstruction nasale n’est pas seule en cause. L’inflammation locale joue également un rôle  en stimulant les terminaisons nerveuses qui se trouvent sur la muqueuse nasale. Cette stimulation, par voie réflexe, favorise les apnées du sommeil et participe ainsi aux troubles du sommeil associés à la rhinite. Il est intéressant de noter que ces terminaisons nerveuses sont aussi stimulées par le CO2, la nicotine, les solutions salées hypertoniques, l’ammoniac et la fumée (Bindu B. 2017) pour lesquels on retrouve donc les mêmes conséquences sur la qualité du sommeil.

Tout ce qui pourra calmer l'inflammation nasale pourra améliorer le sommeil, ce qui est le cas de certaines huiles essentielles en inhalation: Melaleuca, thym vulgaire, inula gravoelens...

Des produits fermentés pour la prévention de l'allergie

alimentation

Comme le dit Marc-André Selosse dans son livre « Jamais seuls », le fromage est bien « un lait pourri si possible longtemps avec beaucoup de microbes autour ! » Et pourtant, le 4ème volet de l’étude PASTURE qui s’intéresse à la théorie hygiéniste a bien démontré, chez 931 enfants suivis de la naissance à 6 ans, que la consommation de fromage entre 12 et 18 mois était corrélée à une diminution significative de 50% du risque de développer une dermatite atopique (eczéma du nourrisson), et de 68% celle d’une allergie alimentaire à l’âge de 6 ans (INRA 17/12/2018).

La particularité du fromage est d’être un aliment fermenté, donc très riche en micro-organismes divers (bactéries, levures). En effet, ces derniers y représentent 50% de son poids ! Ceci est le résultat d’un long travail de collaboration entre l’homme et le lait depuis près de 7500 ans. Ainsi, l’ensemencement naturel de notre flore intestinale par des aliments fermentés participent à l’éducation de notre système immunitaire et par là au contrôle des allergies, comme le font aussi les prébiotiques (voir aux origines de l’homme).

La fermentation s’est révélée au cours de l’évolution un excellent moyen de conservation pour les aliments riches en eau et matières grasses tels que le fromage pour lesquels les procédés de fumage, séchage, salage, froid et épices n’étaient pas suffisants. Mais le fromage n’est pas le seul aliment fermenté. La fermentation concerne aussi la bière, le vin, le pain au levain, le saucisson, la choucroute, les olives et plus exotiques : le kefir (lait ou jus de fruit fermenté du Caucase),  le gravlax des norvégiens (saumon fermenté), le surströmming suédois (hareng fermenté), le kombucha (thé fermenté des chinois), le po cha (thé au beurre rance des tibétains), le nuoc-mâm vietnamien (poisson fermenté), le natto des japonais (graines de soja fermentées), le vegemite d’Australie, la marmite d’Angleterre et le Cenovis suisse tous 3 issus de levures de bière et bien d'autres encore.

Pour ceux qui aiment le fromage

fromagePréférez-le au lait cru non stérilisé à même de donner outre le meilleur goût, le meilleur microbiome ! En effet, quel bénéfice tirer d’un fromage issu d’un lait stérilisé, standardisé, homogénéisé donc ultratransformé (« La vache qui pleure » Véronique Richez-Lerouge Nouveau monde édition)?

Et pour ceux qui n’aiment pas le fromage: vous avez l’embarras du choix en veillant à choisir des aliments fermentés proches de votre région ou pays d’origine, de vos habitudes culturelles et de votre patrimoine génétique. L'exotisme n'est pas toujours le plus adapté. En effet, le microbiote, en étroite relation avec votre système immunitaire est le résultat d’une co-évolution réussie qui date de vos lointains ancêtres. Alors maintenons chacun la collaboration qui nous va bien !

Sport et allergie

sport

Différentes études ont montré que les allergies comme le rhume des foins, les allergies alimentaires ou même l’asthme ne sont pas moins fréquents chez les personnes sportives et les sportifs de compétition que dans le reste de la population. Ceci montre bien qu’allergies, asthme et sport ne s’excluent pas bien au contraire à condition de prendre quelques précautions.

Au repos, on ventile 6 à 15 fois par minute ce qui mobilise 3 à 5 litres d’air par minute ;

Lors d’un effort maximal, la fréquence respiratoire peut atteindre 45 cycles par minute avec une ventilation de 70 à 100 litres par minute voire 200l chez le sportif de très haut niveau! On « brasse » donc 20 fois plus d’air pendant l’effort !!


L’activité physique est un moyen simple d’augmenter la circulation de l’air dans les poumons, de drainer les sécrétions des bronches et des sinus ou de lutter contre l’obstruction nasale. Et par son effet vasodilatateur post-entraînement, elle diminue le nombre ou l’intensité des crises chez l’asthmatique, et la consommation de bronchodilatateurs.

Normalement l’air est filtré, humidifié et réchauffé lors du passage par les fosses nasales. Lorsque l’on fait du sport, la respiration se faisant par la bouche, cette quantité d’air qui arrive trop vite dans les bronches pour parvenir aux alvéoles pulmonaires n’a pas le temps d’être ni humidifiée ni réchauffée. Quand l’air est sec et froid, cela peut déclencher  un spasme bronchique.

Le conseil : L’échauffement doit toujours être progressif en maintenant le plus longtemps possible une respiration nasale. De même à la fin de l'activité revenir au repos progressivement .

Attention : La campagne véhicule beaucoup de pollens voire de produits chimiques en période d’épandages de produits phytosanitaires, la ville beaucoup de polluants. Donc le sportif va logiquement respirer pendant son footing ou sa sortie à vélo 20 fois plus de pollens et de produits toxiques qui  irritent  les bronches. Les bronches s’enflamment et se spasment proportionnellement au volume d’air inspiré. Ainsi, le promeneur allergique qui longe tranquillement un champ de colza présentera une réaction moyenne tandis que le jogger ou le cycliste qui longe ce même champ présentera une réaction importante.

Le conseil : éviter de sortir les jours de grands vents qui soulèvent les pollens et les particules fines et en ville ne pas sortir lors des pics de pollution. Attention aux brusques écarts de température.

Émotions et allergie

emotions

Pour parler des émotions et de l’allergie, nous aimerions évoquer ce qui se dit dans l’approche du terrain par les diathèses du Dr Ménétrier dans un contexte scientifique occidental et de le relier à ce qu’apporte l’approche orientale de l’Energétique traditionnelle chinoise.

Le Dr Ménétrier est un médecin français (1908-1986) qui a mené des travaux de recherche autour de la relation entre le terrain d’une personne et sa maladie. Suite à ses travaux, il a procédé à une classification des symptômes communs à des ensembles de patients en ce qu’il a appelé des Diathèses, au nombre de 4, et qui correspondent à des terrains modifiés par la maladie. Chaque Diathèse se caractérise par des pathologies spécifiques et des comportements psycho émotionnels associés.

L’allergie appartient à la Diathèse 1 de patients qualifiés « d’arthritiques, allergiques et hypersthéniques ». Chez ces patients, parmi de nombreux autres symptômes identifiés, l’allergie s’exprime par de l’eczéma, de l’urticaire, de l’asthme, une rhinite, un coryza ou un rhume des foins. Ce sont des patients avec beaucoup de vitalité dans les réactions et les signes des manifestations. Cela signe la capacité réactionnelle du corps à se défendre peut-être excessivement. Si le sujet parvient au fil des années à préserver cette vitalité, cette diathèse peut se maintenir jusqu’à un âge très avancé (exemple des vieillards restés « verts » !). Sur le plan comportemental ils ont besoin d’être toujours en activité, en tension, dans le cas contraire deviennent émotifs ou irritables .

Il est intéressant de noter que ces mêmes symptômes ainsi que tous les autres appartenant à la Diathèse 1 se retrouvent en médecine chinoise, et, plus particulièrement dans le cadre de la théorie des 5 éléments. Cette théorie résume symboliquement la vie dans toutes ses manifestations. A chaque élément est attribué un couple d’organes, auxquels sont reliées des fonctions physiques (ou physiologiques) et émotionnelles. Les éléments sont dans une relation complexe et dynamique entre eux, ce qui explique que la perturbation de l’un entraine des déséquilibres chez les autres. Cette même logique permet donc d’agir sur l’un pour rééquilibrer un autre.

L’élément qui fait écho à la Diathèse 1 et à l’allergie est le BOIS, avec l’énergie du foie et de la vésicule biliaire qui lui appartiennent. L’émotion associée à ces organes est celle de la colère, dérivée des frustrations, engendrant de l’irritabilité, qu’elles soient exprimées ou pas. En médecine chinoise, l’impact d’une émotion mal vécue bloque le mouvement d’un élément ici donc le BOIS, ce qui va engendrer ses divers symptômes, dont l’allergie.

En médecine chinoise :

l’émotion peut affecter l’organe, mais, aussi, un organe atteint ou bloqué pourra exacerber une émotion. C’est ainsi qu’un foie constitutionnellement faible peut favoriser la manifestation de réactions émotionnelles incontrôlées, une agitation, une facilité à ressentir de la colère à la moindre contrariété et toujours les différentes problématiques physiologiques associées, dont les allergies. Une allergie est une réaction de défense excessive contre un élément potentiellement inoffensif. On peut se poser la question, dans les cas de chronicité, voire d’hérédité,  quelle frustration profonde, plus ou moins ancienne, non réglée, participe à exacerber ce problème ?

Dans le mouvement des 5 éléments, chacun peut être contrôlé par un autre selon la loi de contrôle. L’élément qui permet de contrôler le BOIS, si celui-ci est en excès, est le METAL (organes poumon/gros intestin). Le métal est le mouvement inverse : celui de l’automne, du repli sur soi, de l’intériorisation, et aussi de la descente vers le yin, la matière.

Conseils : On peut conseiller aux personnes Bois en excès, très yang, souvent très dans le mental, de compenser cet excès en développant des activités qui permettent de revenir à la conscience de son corps, de la matière, de se concentrer sur l’instant présent, de lâcher prise, toutes les techniques de respiration, méditation, car ce sont des sujets particulièrement stressés ;  apprendre à redescendre de leur envol, pour leur permettre de ne pas oublier que, pour continuer son ascension vers le ciel, l’arbre a besoin de bien ancrer ses racines dans la terre. Ici et maintenant.

En conclusion, notre corps fonctionne comme un tout, physique et émotionnel, et lorsqu’une résistance s’installe chez un sujet par rapport à la résolution d’une maladie, il peut être intéressant de se demander si on peut trouver une clé supplémentaire ailleurs, à un niveau autre que physique…

(….) La santé est un état de bien être,

Le corps étant libéré de la souffrance (plan physique, physiologique)

L’émotion étant libérée de la passion (plan psychologique)  (…..)

VITHOULKAS